Michael Thielen, vice-président, CGI
(Une version de cet article a d’abord été publiée dans le numéro du 30 juin 2023 du IABM Journal*)
L’intérêt croissant accordé au développement durable dans le secteur de la radiodiffusion est l’une des métatendances les plus notables de ces dernières années. Sous l’impulsion de l’opinion publique et des investisseurs, et face aux effets de plus en plus visibles du changement climatique, le développement durable est devenu une priorité dans de nombreuses feuilles de route d’entreprises du secteur.
Même si les résultats des sondages récents indiquent que les entreprises ont tendance à choisir des options durables uniquement lorsque le rendement du capital investi est perceptible, les progrès technologiques réalisés au cours de la dernière décennie ont facilité cette transition. Nombre de systèmes, de processus et de technologies sur lesquels reposaient le secteur de la radiodiffusion ont été abandonnés au profit de solutions plus efficaces, plus agiles et, presque par hasard, plus durables. Même pour les pratiques d’approvisionnement, des solutions plus durables ont été adoptées par nécessité économique, alors qu’auparavant les entreprises n’auraient pas hésité à installer de grandes salles de machines et à augmenter le débit des systèmes d’alimentation et de climatisation pour répondre à leurs besoins. Ces changements sont motivés par deux facteurs indissociables que sont la réduction des coûts et l’accélération du rendement du capital investi, mais la baisse de la consommation d’énergie pèse tout autant dans la balance.
De la même manière, l’écosystème sectoriel élargi a évolué. L’initiative environnementale, sociale et de gouvernance (ESG) a remplacé le programme de responsabilité sociale et a fourni une méthode plus responsable d’évaluation de la performance de l’entreprise dans tous les domaines liés à son écosystème élargi dans lequel elle exerce ses activités. On constate de plus en plus que ces politiques ont des répercussions, tant à petite et grande échelle, de la réduction des coûts des émissions de carbone sur les budgets de voyage jusqu’à l’évaluation de la charge des unités centrales de traitement pour les processus individuels des progiciels concurrents.
Le secteur se trouvant à un tournant décisif, à la fois en raison de l’essor des modèles de diffusion en continu et de la transition vers des flux de travail axés sur la propriété intellectuelle, il y a là une occasion évidente de s’assurer que ses futures avancées reposeront sur des politiques plus durables que celles en vigueur à l’ère de l’interface numérique série (SDI). Toutefois, pour que cela soit vraiment efficace, une vue d’ensemble est nécessaire, et c’est pourquoi l’agilité opérationnelle est essentielle afin d’assurer l’avenir durable du secteur.
L’importance de l’agilité opérationnelle
Qu’entendons-nous par « agilité opérationnelle » Il s’agit essentiellement de la capacité d’une organisation à s’adapter rapidement aux changements du marché et de l’environnement en étant à la fois productive et rentable. Une organisation agile comprend qu’elle n’est pas une entité monolithique fonctionnant de manière isolée, mais qu’elle est impliquée dans une série complexe de flux dynamiques. Elle peut quantifier ces changements, et même les prédire. Elle s’adapte au nouvel environnement et elle est parfaitement placée pour tirer parti de toutes les nouvelles occasions qui se présentent à elle.
Selon l’Agile Business Consortium* : « l’agilité dans la culture, le leadership, la stratégie et la gouvernance d’une organisation ajoute de la valeur à toutes les parties prenantes qui exercent ses activités dans des environnements incertains, complexes et ambigus. »
« Les environnements incertains, complexes et ambigus » sont presque une définition du secteur de la radiodiffusion post-pandémie, à mesure qu’il évolue vers un mode de diffusion en continu. Le fait est que les entreprises agiles peuvent s’adapter à l’évolution des exigences ESG et de leurs occasions d’affaires beaucoup plus rapidement que celles qui utilisent des modèles d’affaires traditionnels. Dans ce contexte, elles peuvent rapidement mettre en œuvre des politiques ayant un effet positif sur l’aspect environnemental de leurs activités.
Il convient également de rappeler la pandémie. Nous sommes habitués au coup d’accélération que la pandémie de la COVID-19 a donné au déploiement de nouveaux modèles dans l’ensemble du secteur. L’adoption généralisée de la production à distance d’événements en direct, la transition vers le nuage, les modèles de travail hybrides et bien d’autres choses encore se sont produites plusieurs années en avance en raison de la pandémie. Toutefois, il est important de reconnaître que la rapidité avec laquelle les organisations ont dû s’adapter à un foisonnement de réglementations internationales en matière de confinement pour rester en activité : agir rapidement, donner la priorité aux activités essentielles, collaborer en ligne et innover pour résoudre des problèmes nouveaux et extrêmement difficiles a aussi profondément transformé la culture d’entreprise.
Promouvoir une culture axée sur le développement durable
De nombreuses organisations ont constaté des améliorations majeures en matière de leadership et de gouvernance, avec une main-d’œuvre qualifiée nouvellement habilitée, en particulier au sein des millénariaux, qui examinent attentivement le bilan ESG d’une entreprise lorsqu’il s’agit de choisir entre plusieurs employeurs. Adopter de nouvelles approches et pratiques d’affaires, notamment en matière de développement durable, n’est plus une valeur ajoutée, mais une nécessité.
Cela commence par des mesures évidentes, comme l’utilisation de sources d’énergie renouvelables ou l’accélération des programmes de recyclage, jusqu’à des actions plus ambitieuses, comme s’engager à atteindre la carboneutralité avant une certaine date. La capacité d’une entreprise agile à collaborer et à partager l’information de manière efficace dans ses réseaux, tant en interne qu’en externe, lui permet d’identifier et de traiter plus efficacement les enjeux de durabilité, ainsi que de faire face aux changements de critères, comme le récent passage de la neutralité carbone par la compensation, qui devient un point de transition plutôt qu’un objectif.
Les changements que connaît le secteur impliqueront un renouvellement complet des équipements et des flux de travaux au cours de la prochaine décennie. C’est donc le moment idéal pour mettre en œuvre des politiques qui font de l’efficacité énergétique un critère essentiel pour l’achat de technologies, à mesure que l’on remplace les solutions existantes inefficaces, ainsi que pour revoir les flux de travaux afin de réduire l’empreinte carbone des employés, qui résulte en général des voyages d’affaires et des déplacements quotidiens. Adopter des applications Web, mettre en place des groupes de travail connectés et assurer la fluidité des échanges de données peut réduire cette empreinte, mais l’organisation doit être ouverte aux changements que cela représente. Si c’est le cas, elle découvrira souvent que les nouvelles politiques sont bénéfiques sur le plan financier, lui conférant ainsi un avantage accru en matière de développement durable et une réussite commerciale continue.
*en anglais