Les innovations scientifiques dans les domaines de la vaccination, de l’oncologie et des maladies rares sont au cœur de la recherche et du développement (R&D) et il va sans dire que ces thérapies complexes sont le sujet de discussions scientifiques ciblées. Les ensembles de données se présentent sous plusieurs formes et dépassent la portée des interactions traditionnelles des représentants commerciaux. Par conséquent, les rôles médicaux se font de plus en plus nombreux. En outre, bon nombre de thérapies exigent des professionnels qu’ils tissent davantage de liens avec les patients, surtout dans le cas de maladies rares. La thérapie génétique et cellulaire pratiquée en oncologie exige par ailleurs une coordination particulièrement méticuleuse.
Compte tenu des fondements hautement scientifiques de ces thérapies, nous constatons que les Affaires médicales ne jouent plus seulement un rôle de soutien, mais bien un rôle de partenaire stratégique de premier plan supervisant les interactions avec les différents intervenants.
Comprendre le rôle des Affaires médicales dans une stratégie axée sur le patient
Les Affaires médicales se trouvent à la croisée des domaines de la R&D et du commerce. Elles agissent à titre de conseillers de confiance des entreprises, qu’il soit question de développement de produits ou de données probantes du monde réel. On ne peut donc plus les percevoir comme une simple fonction de soutien. Les Affaires médicales constituent désormais un pilier stratégique clé : elles orientent les interactions avec les fournisseurs et les assureurs, tout en guidant les occasions de planification des affaires internes. Il est impératif que cette fonction soit considérée comme centrale si l’on veut que les entreprises respectent les valeurs intrinsèques de la stratégie axée sur le patient. Les organisations commencent à réaliser que la fonction des Affaires médicales assume un nouveau rôle englobant à la fois les compétences commerciales et la connaissance de nombreux outils et technologies, ce qui offre une véritable valeur ajoutée aux intervenants internes et externes.
C’est quand on prend le temps de comprendre les interactions internes et externes complexes facilitées par les Affaires médicales qu’on se rend compte du grand nombre d’intervenants et de sources de données à gérer.
Parmi toutes ces interactions, il y a certaines variables essentielles et non négociables : les renseignements, les processus, la conformité, les données pertinentes, les personnes et la technologie. La question est la suivante : en quoi ces variables sont-elles profitables pour les Affaires médicales, une fonction qui joue un rôle de premier plan dans la collecte, l’analyse et la diffusion de données scientifiques auprès de dizaines d’intervenants à différentes fins et à différents moments du cycle de vie d’un produit? Dans ce contexte, il est clair que des aspects importants des activités des Affaires médicales doivent être actualisés. Par exemple, comment la gestion de la performance médicale sera-t-elle conçue pour mesurer l’incidence des activités médicales dans ce modèle d’interaction changeant? Quelle méthodologie sera utilisée pour définir les activités de création de valeur à l’appui de thérapies novatrices complexes?
Auparavant, cette fonction de soutien dépendait largement des compétences médicales de ses membres pour appuyer toutes les activités connexes. Mais dans ce nouveau monde où elles évoluent, les Affaires médicales ne pourront garantir leur succès que si elles s’entourent de dirigeants possédant de solides connaissances commerciales, un style de leadership adaptatif et d’excellentes compétences techniques, y compris sur le plan de la technologie numérique et de l’analyse. Ces dirigeants médicaux influenceront les priorités d’affaires et travailleront selon une mentalité agile pour cerner les priorités et les risques changeants et y réagir avec rapidité et une bonne capacité de gouvernance. Un tel nouveau contexte imposera une actualisation des profils médicaux, une mise à niveau des outils technologiques et une mise en œuvre des outils et des technologies appropriés pour intégrer une culture fondée sur les données et l’analyse, ainsi que des techniques d’interaction numérique.
Prendre conscience du rôle croissant des médecins scientifiques de liaison
Nous avons commencé à constater une augmentation des rôles des médecins scientifiques de liaison (MSL) qui regroupent maintenant un ensemble plus vaste d’intervenants en soins de santé. En plus des principaux leaders d’opinion, les MSL regroupent maintenant certains professionnels de la santé, des assureurs, des chercheurs principaux et des membres de groupes de défense des intérêts des patients. Leurs discussions sont soigneusement planifiées, chacune étant adaptée aux besoins particuliers et aux préférences de chaque intervenant. Elles doivent être appuyées par des présentations de données de qualité et complexes. Les modèles de mécanismes d’action et la visualisation des données ajoutent de la valeur aux assureurs et aux fournisseurs. Le système de gestion de la relation client (CRM), le tableau de bord des données, les parcours des patients, le traitement des données recueillies à partir de divers types d’interactions, et bien plus encore, feront évoluer la façon de travailler des équipes médicales et les compétences requises.
À la lumière des leçons apprises durant la pandémie, il est évident que les outils numériques continueront de remplacer de nombreuses interactions en personne, ce qui se traduira par une collecte de données plus robuste et des renseignements sur les interactions de chaque intervenant. Le partenariat avec les patients, de la stratégie aux solutions dans l’ensemble de la chaîne de valeur, sera soutenu par des outils et des applications numériques qui permettront aux patients de jouer un rôle plus actif dans la gestion de leur maladie.
De même, dans le but d’assurer l’inclusivité des patients, les MSL travailleront plus étroitement avec les groupes de défense des intérêts des patients pour soutenir la cocréation de traitements avec les patients, de la stratégie et des politiques aux essais cliniques et aux résultats fondés sur des données probantes. Ce changement de paradigme suppose la refonte de la collecte de données sur les patients (portail des patients – création et hébergement de registres); la connexion des données (plateforme connectée à d’autres données et plateformes) et l’analyse de la fédération de données (processus permettant l’analyse des données au niveau des patients grâce à une technologie fédérée pour les chercheurs et les responsables de la mise au point de médicaments).
Axer sur l’automatisation, la numérisation et la centralisation des renseignements médicaux
Jusqu’à maintenant, les renseignements médicaux étaient répartis entre de nombreux propriétaires. L’accent n’a jamais vraiment été mis sur l’accès centralisé et les modèles mondiaux d’affaires médicales dans les stratégies de transformation numérique, surtout lorsque la question n’était pas envisagée de la perspective de l’entreprise. Compte tenu de la vision d’une fonction médicale agile de premier plan à l’ère des médicaments spécialisés, de nombreuses organisations cherchent à automatiser et à numériser les renseignements médicaux ainsi qu’à centraliser les données pour en faciliter l’accès en temps réel. Un environnement de technologie de l’information (TI) sécurisé est essentiel. En plus d’être exigées par la loi et la réglementation, la protection des données personnelles et la cybersécurité sont des enjeux chers aux patients.
Prioriser les investissements pour optimiser les expériences et les résultats
En résumé, afin d’optimiser l’expérience et les résultats pour les médecins et les patients, les Affaires médicales devront rehausser leur performance dans l’ensemble de leurs activités. Il est impératif d’axer les investissements sur les initiatives et les outils numériques appropriés afin de faciliter cette évolution. Il est tout aussi important de recruter d’autres professionnels, comme des experts en science des données, pour soutenir la complexité continue de l’interprétation de données et des demandes des clients.
Au cours des trois prochaines années, nous prévoyons que les activités médicales traditionnelles seront remaniées au moyen d’outils numériques et analytiques de pointe. Les innovations scientifiques complexes perturbent les approches traditionnelles en matière de soins et de remboursement, qui ne sont plus efficaces. Les CRM dédiés aux interactions avec les clients seront améliorés grâce à des applications d’intelligence artificielle (IA) en vue de favoriser la création de valeur optimale, soit la transmission du bon message au bon client au bon moment.
Principaux points à considérer pour améliorer la fonction des Affaires médicales
Tandis que le secteur biopharmaceutique pousse la fonction des Affaires médicales à jouer un rôle de leadership prédominent parmi les intervenants, tant à l’interne qu’à l’externe, les facteurs suivants doivent être pris en compte pour promouvoir une organisation axée sur la valeur.
- Technologie : prioriser les cas d’utilisation pour définir les bons outils et plateformes numériques, y compris l’IA, l’analyse avancée et la cybersécurité.
- Gestion de la performance : déterminer les activités médicales axées sur la valeur et mesurer l’impact sur les résultats.
- Accent mis sur le patient : répondre aux besoins directs des patients au moyen de ressources numériques qui soutiennent les patients tout au long de leur parcours et potentiellement après le traitement.
- Gestion du changement : mettre en œuvre une stratégie de gestion du changement qui aide les personnes à comprendre la raison qui motive les interactions et l’adoption de nouveaux processus et outils.
Si tous les éléments ci-dessus sont intégrés à une stratégie globale, alors le secteur biopharmaceutique sera en mesure d’atteindre un modèle de mise en marché repensé où cohabitent des interactions axées sur la précision, des interactions à distance favorisées, des interfaces coordonnées pour les professionnels de la santé, du contenu utile à ces derniers et des décisions de mise en marché fondées sur la technologie.