La recherche mondiale annuelle La voix de nos clients CGI (VOC) recueille les points de vue des clients actuels et potentiels, révélant ainsi les grandes priorités de dirigeants issus de divers secteurs. Dans le dernier épisode de notre balado Parlons transition énergétique, Peter Warren s’entretient avec Helena Jochberger sur les champs d’action que les données ont mis en évidence dans le secteur de l’énergie et des services publics et le secteur manufacturier.

Le cadre de l’énergie et des services publics, particulièrement dans l’ensemble des segments du pétrole et du gaz, inclut souvent l’industrie chimique. Pourtant, comme le souligne Peter Warren, CGI la classe dans le secteur manufacturier, car elle est axée sur les processus.

Helena Jochberger partage cet avis et précise que dans le secteur de la chimie, où de multiples formulations et matières premières sont utilisées, il est essentiel de disposer de systèmes d’exécution de la fabrication efficaces pour gérer des processus complexes basés sur de multiples formules. Dans le secteur manufacturier, il est important de faire la distinction entre ces deux termes : :

  • travail en discontinu : il s’agit de la production de produits physiques qui nécessitent de l’énergie.
  • l’industrie de transformation : comprend les secteurs à forte intensité énergétique tels que les métaux, les mines et les produits chimiques.

Le développement durable en point de mire : répercussions du changement climatique sur les industries

Comme le souligne Helena Jochberger, il ressort du rapport La voix de nos clients CGI 2024 (VOC) qu’à l’instar du secteur de l’énergie et des services publics, les secteurs minier, métallurgique et des pâtes et papiers accordent une grande importance à la transition énergétique, au changement climatique et aux initiatives en matière de développement durable.

Cette année, 87 % des cadres du secteur de l'énergie et des services publics citent les changements climatiques comme étant une macrotendance à impact élevé qui façonnent leurs organisations.

Plus précisément, l’industrie minière a un taux d’incidence de 89 % et le secteur des pâtes et papiers suit de près, à 80 %. Helena Jochberger note que le secteur des pâtes et papiers utilise historiquement des biocarburants comme la liqueur noire pour l’énergie, montrant un engagement certain pour la décarbonation malgré les défis climatiques en cours.

Les innovations dans l’aviation : solutions hybrides, avancées technologiques et données de conception

Dans le domaine de l’aviation, Helena Jochberger constate un changement majeur, alors que les entreprises produisent du carburant d’aviation durable (CAD) à partir d’huile de cuisson usagée, un processus surnommé « de la friteuse au tarmac », qui réduit les émissions de CO2 par rapport au kérosène traditionnel. Pour l’avenir, Airbus prévoit de mettre en place des vols propulsés à l’hydrogène d’ici à 2035, signe d’une évolution vers des technologies à zéro émission.

Actuellement, ce secteur se trouve dans une phase de transition où les carburants conventionnels sont utilisés parallèlement à d’autres options innovantes. Des avions électriques sont déjà en service dans l’ouest du Canada, ce qui prouve la viabilité de l’aviation alimentée par des batteries. En revanche, les vols long-courriers dépendent encore des biocarburants ou de carburants mixtes selon les progrès de la technologie.

Dans le domaine de la construction aérospatiale, le passage à la propulsion à hydrogène exigera d’importants travaux de recherche et de développement, modifiant fondamentalement la conception des avions et notre compréhension de leur rôle dans le transport aérien. Le passage à l’hydrogène nécessitera des modifications dans la structure des avions en raison des besoins en volume de l’hydrogène.

Alors que les prévisions initiales concernant le marché de l’hydrogène variaient considérablement : de 11,7 billions à 1,9 billion $, des avancées se produisent dans le domaine des transports, notamment avec les locomotives à hydrogène de Kansas City Pacific Rail et la conversion de plus de 1 000 bus à l’hydrogène, en Pologne.

Le défi de la mise en place d’infrastructures pour les véhicules électriques et à hydrogène

Le déploiement d’infrastructures pour l’hydrogène fait face à un dilemme : les constructeurs automobiles ne produiront pas de véhicules à hydrogène sans stations de ravitaillement, et les exploitants de stations n’investiront pas tant qu’il n’y aura pas suffisamment de demandes pour ces véhicules. Toutefois, certains constructeurs installent des stations d’hydrogène de manière proactive, par exemple entre Edmonton et Calgary, au Canada.

L’industrie automobile s’oriente rapidement vers l’électrification, avec des projections selon lesquelles d’ici 2030, 64 % des voitures vendues en Europe et au moins 50 % aux États-Unis seront électriques. Cette croissance nécessite une vaste infrastructure de recharge, estimant à environ 15 000 le nombre de stations de recharge publiques nécessaires chaque semaine.

Le succès du déploiement des véhicules électriques dépend de cette collaboration entre les différents secteurs. Les principaux éléments à prendre en compte sont l’approvisionnement en énergie renouvelable, le développement des stations de recharge et l’intégration des technologies de paiement.

Le succès d’Elon Musk sur le marché des véhicules électriques illustre le dilemme de la « poule ou de l’œuf », explique Peter Warren. D’abord critiqué pour l’absence d’un réseau de recharge, il a mis en place le réseau Supercharger de Tesla. Aujourd’hui, Ford et d’autres entreprises permettent à leurs véhicules d’utiliser le réseau de Tesla en toute transparence, les innovations d’Elon Musk étant en concurrence avec divers réseaux de recharge et services publics.

Prendre des décisions fondées sur les renseignements : des données de qualité, des organisations agiles et une bonne collaboration sont les éléments clés de la réussite

Dans le secteur de l’énergie, les entreprises réévaluent leurs stratégies en matière de données afin de disposer d’information précise et opportune pour stimuler l’innovation. L’accent est désormais mis sur la prise de décisions fondées sur les données, soulignant ainsi l’interdépendance entre des données de qualité et des renseignements exploitables.

Peter Warren et Helena Jochberger évoquent les macrotendances présentées dans La voix de nos clients 2024, en donnant tous deux la priorité à la lutte contre les changements climatiques (très bien notée par les dirigeants du secteur de l’énergie et des services publics en raison de son incidence sur d’autres secteurs). La technologie et l’accélération numérique sont également essentielles, bien qu’il y ait un fossé évident entre les organisations qui s’adaptent avec succès et celles qui peinent à le faire, souvent en raison d’un manque d’agilité.

Tous deux s’accordent à dire que l’intégration et la collaboration entre les services informatiques (TI) et les unités opérationnelles (équipes métiers) constituent un facteur clé pour réussir. Lorsque ces groupes travaillent en vase clos, les résultats ont tendance à ne pas être à la hauteur des attentes. Peter Warren insiste sur la nécessité d’une communication ouverte, d’un travail d’équipe et de la mise en place des indicateurs clés de performance afin de garantir un effort collectif plutôt que de désigner des responsables.

Aller de l’avant : l’élément humain à la base de la transformation numérique et des infrastructures

La transition vers des solutions énergétiques hybrides n’est pas qu’une question de technologie; elle implique une transformation globale dans différents secteurs. Pour réussir cette transition, il faudra un développement robuste des infrastructures et une collaboration entre les entreprises manufacturières, les fournisseurs d’énergie et les industries de services. Dans ce contexte, Helena Jochberger souligne l’importance de privilégier l’humain dans tous ces efforts de transformation.

Ne manquez pas la deuxième partie de cette conversation, qui portera sur les chaînes d’approvisionnement et les écosystèmes.

Écoutez d’autres balados de cette série pour en apprendre davantage sur la transition énergétique.