Dans le dernier épisode de notre série Parlons transition énergétique, Peter Warren et Daren Rudd discutent du rôle essentiel du secteur de l’assurance dans le soutien des projets énergétiques à faibles émissions de carbone. Ils explorent la façon dont des solutions d’assurance novatrices peuvent aider à gérer les risques associés aux nouvelles technologies, l’importance de la transmission des données entre les secteurs de l’énergie et de l’assurance, et la possibilité d’une collaboration future pour améliorer la gestion des risques et réduire les coûts.
La transition vers les énergies renouvelables dépend d’investissements majeurs dans les technologies novatrices, notamment les parcs éoliens, l’énergie solaire, l’hydrogène et le stockage dans des batteries. La réussite de ces types de projets à forte intensité de capital repose souvent sur la présence d’une protection d’assurance permettant de gérer le risque inhérent au financement de grands projets énergétiques à faibles émissions de carbone.
L’innovation du secteur de l’assurance contribue depuis longtemps à la transition du marché de l’énergie. À l’origine, explique Daren, le Lloyds of London a été créé pour assurer les navires commerciaux se rendant en Inde. De même, à la fin des années 1890, l’entreprise qui assurait l’Exposition universelle de Chicago, la première à être entièrement alimentée à l’électricité, a établi les normes et l’analyse des actifs énergétiques et électriques des années à venir.
« Depuis quelques centaines d’années, nous sommes très novateurs en ce qui a trait à l’élaboration de nouveaux mécanismes et de nouvelles façons de travailler pour assurer et permettre la croissance de ces grands programmes et de ces nouveaux secteurs d’activité… Les assureurs et l’industrie peuvent travailler ensemble pour obtenir de meilleurs résultats, particulièrement lorsque les initiatives novatrices fonctionnent. »
L’importance des données dans l’assurance du secteur de l’énergie
Étant donné que les assureurs s’appuient sur les données historiques pour éclairer leur prise de décisions, le manque de données sur les nouvelles technologies constitue un défi de taille pour ceux qui collaborent avec le secteur de l’énergie. Bien que le marché de l’assurance excelle dans l’analyse de nouveaux contextes et de nouveaux risques aussi bien que dans l’adaptation de ce qui a été fait par le passé, la plus importante question demeure : où les assureurs obtiennent-ils des données supplémentaires pour approfondir leur compréhension des nouvelles technologies?
La réponse, selon Daren, est une meilleure collaboration entre le secteur de l’énergie et les assureurs. Par exemple, Tesla a mis sur pied sa propre compagnie d’assurance pour recueillir de façon plus transparente les données en cas d’accident. En tirant parti de cette rétroaction de données, l’entreprise peut améliorer continuellement la conception de ses véhicules électriques et les rendre progressivement plus sécuritaires. L’approche de Tesla en matière d’assurance illustre bien la gestion des risques fondée sur les données. Bien que Tesla n’ait pas besoin d’assureur traditionnel dans son modèle, la volonté des secteurs de l’assurance et des véhicules électriques de transmettre les données de part et d’autre permettrait une meilleure collaboration.
« On observe souvent une réticence à divulguer de l’information avec un assureur au sein d’un secteur d’activité, car la communication accrue d’information pourrait faire augmenter les primes. Toutefois… ce n’est pas l’objectif. L’intention est de mieux comprendre le risque. Nous devons en arriver à un point où les deux parties sont plus disposées à communiquer l’information pour les bonnes raisons. Le fait de présenter plus d’information réduit les risques. »
Dans le modèle d’assurance traditionnel, l’assureur communique avec le titulaire une fois par année pour passer l’information en revue et mettre à jour le prix de sa police. Aujourd’hui, il y a tellement de données qui circulent dans les systèmes d’assurance. L’une des transitions vers le nouveau marché de l’énergie consiste à passer aux données en temps réel, de sorte que la tarification ou la gestion du risque soit en mesure de suivre le pas. Par exemple, un assureur constatant qu’un véhicule électrique comporte maintenant de nouvelles mesures de sécurité peut automatiquement réduire la prime d’assurance du propriétaire.
Comprendre les risques associés aux projets énergétiques à faibles émissions de carbone
Pour expliquer comment les secteurs de l’énergie et de l’assurance peuvent transmettre activement l’information d’une manière avantageuse aux deux parties, Daren cite l’exemple de SmartMeters, un programme sur lequel travaille l’équipe de CGI au Royaume-Uni. Des appareils d’évaluation instantanée sont installés dans des foyers partout au Royaume-Uni pour qu’on puisse mieux comprendre la façon dont l’énergie est utilisée. Les données recueillies permettent une gestion plus efficace de l’ensemble du réseau. Daren encourage les sociétés d’énergie à inclure les assureurs dans le processus, et ce, dès le début de la conception de ce type de projet :
« Parlez à vos gestionnaires du risque, invitez vos courtiers et vos assureurs, et discutez des facteurs de risque dès le départ, surtout lorsque vous développez de nouveaux concepts novateurs. Certains de ces petits changements auront une incidence considérable sur votre coût de base global. »
La dernière recommandation de Peter pour le secteur de l’énergie est de considérer l’assurance comme une occasion stratégique plutôt qu’une dépense.
Écoutez d’autres balados de cette série pour en apprendre davantage sur la transition énergétique.