Notre plus récent épisode du balado Parlons transition énergétique explore les scénarios d’avenir explorés par Fingrid (le gestionnaire du réseau de transport d’énergie national de la Finlande) en vue d’améliorer sa planification stratégique et rester sur la bonne voie pour atteindre les objectifs de carboneutralité du pays. Deux collaborateurs de Fingrid, Mikko Heikkilä, responsable de la planification stratégique des réseaux, et Risto Kuusi, expert principal en planification stratégique, s’entretiennent avec notre leader de l'industrie de l'énergie en Finlande à propos des objectifs et avantages de cette approche de planification de scénarios.
 Mikko Heikkilä |
 Risto Kuusi |
Les scénarios d’avenir atteignent toutes les cibles de carboneutralité
Les scénarios d’avenir de Fingrid (en anglais) proposent une façon novatrice et efficace de projeter l’avenir en ayant recours à une approche probabiliste de ce qui pourrait arriver et des façons de s’y préparer. Ces scénarios ont une incidence sur les marchés finlandais d’énergie ainsi que dans les pays nordiques et l’Europe en général.
Dans le cadre du cycle de planification bisannuel de son réseau principal, Fingrid a élaboré quatre scénarios d’avenir afin de s’assurer que le réseau remplira sa mission. Un dénominateur commun à tous les scénarios est l’atteinte de la cible de carboneutralité de la Finlande d’ici 2035.
Voici les quatre scénarios.
- Électricité pour la fabrication de produits, qui suppose que la Finlande devienne un grand centre industriel pour la transformation de l’énergie en produits tels que les carburants, les matériaux et les produits chimiques.
- Hydrogène d’origine éolienne, qui suppose que la Finlande devienne un grand exportateur d’hydrogène vert.
- Énergie éolienne en mer, qui examine l’expansion à grande échelle de l’éolien en mer par rapport à l’éolien terrestre des autres scénarios.
- Énergie locale, qui permet d’envisager l’énergie solaire distribuée, les batteries distribuées et même les petits réacteurs modulaires en Finlande dès 2035.
Suivi jusqu’au point d’investissement
L’élaboration de scénarios permet à Fingrid de déterminer les investissements nécessaires. Lorsque les besoins recoupent les quatre scénarios, « on ne les remet pas en question », selon Mikko. Ils s’intéressent également aux investissements qui pourraient être requis pour un ou deux de ces scénarios. Donc, si l’avenir tend vers un scénario en particulier (p. ex. si l’éolien en mer devient concurrentiel), les responsables auront déjà une conception générale des investissements requis.
Avant de faire de nouvelles spéculations, « nous vérifions si nous allons dans la direction indiquée par nos scénarios et si certaines tendances semblent plus marquées que nos hypothèses, explique Risto. Et nous ajustons en conséquence. Nous assurons un suivi jusqu’au point où nous devons prendre la décision d’investir ou non. »
Des approches similaires sont adoptées lors de collaborations avec des collègues européens. « Ce qui rend le processus de Fingrid unique, c’est qu’il est très détaillé et que nous dialoguons activement avec nos parties prenantes et nos clients. »
Il vaut mieux faire des estimations à la hausse qu’à la baisse
Fingrid explore les grandes tendances pour tenir compte de l’incertitude dans ses scénarios. Ceux-ci sont fortement axés sur la modélisation et les données, y compris d’énormes quantités de données sur les conditions météorologiques, les coûts et les projections de la demande, entre autres.
Mikko fait remarquer que les projections de l’industrie sont souvent trop modestes, ne tiennent pas suffisamment compte du changement et n’incluent pas de scénarios assez vastes. « Nous tentons fermement d’éviter cette approche, affirme Risto. Nos scénarios sont envisagés à la hausse pour l’avenir de l’électricité renouvelable, de l’électrification et de l’hydrogène vert. Il est beaucoup plus facile de ralentir un processus que d’essayer de bâtir un réseau en vitesse lorsqu’il est déjà trop tard. »
Adopter les données en temps réel
Les prévisions météorologiques et le comportement du marché sont de plus en plus importants. Parallèlement, le marché mise de plus en plus sur le temps réel. « À l’heure actuelle, nous commercialisons l’électricité par blocs de 60 minutes, mais dans un avenir rapproché, nous passerons à des blocs de 50 minutes, indique Risto. Toutes les données du marché de l’électricité seront alors multipliées par quatre. »
Avec de tels volumes de données, il est plus difficile pour les humains de comprendre le fonctionnement du marché. Karina fait remarquer que l’apprentissage machine et l’intelligence artificielle seront nécessaires pour composer avec une telle complexité. Elle ajoute que les experts en TI s’intéressent aussi à l’intégration des données liées à l’énergie, à l’électricité, au chauffage et au gaz. Ils les traitent potentiellement comme une source de données et de prévision.
Exigences d’interconnexion accrues
Historiquement, Fingrid avait de 10 à 100 centrales électriques à interconnecter, mais un million de véhicules électriques et potentiellement un million de thermopompes pourraient désormais contribuer à la stabilité et à la flexibilité du réseau. « Pour en tirer pleinement parti, il est nécessaire d’avoir un réseau de composants interconnectés et de brancher de nombreux autres éléments au réseau électrique », fait remarquer Risto.
Ouverture et transparence
« L’une de nos politiques a été d’essayer de tout rendre ouvert et transparent, ce qui est également essentiel au fonctionnement du marché », déclare Mikko.
L’entreprise a partagé ses ébauches de scénarios lors d’un processus de consultation publique et a rencontré de nombreux acteurs du milieu universitaire et du marché pour recueillir leurs commentaires. Les prochaines étapes consistent à adapter les ébauches en fonction des informations recueillies, puis de concevoir un réseau électrique pour chacun des quatre scénarios.
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