Les organismes de réglementation, les clients et les actionnaires poussent de plus en plus les sociétés minières et métallurgiques à adopter des mesures respectueuses de l’environnement. On observe déjà des progrès en ce sens, notamment en Suède. Ces dernières années ont été marquées par la construction d’écosystèmes commerciaux écologiques ainsi que par une hausse des investissements durables, comme en témoignent, par exemple, l’émergence des véhicules électriques et à hydrogène, ou encore le recyclage intégré.
Récemment, HYBRIT, une sidérurgie suédoise écologique a annoncé (article en anglais seulement) avoir livré au constructeur automobile Volvo son « acier vert », soit le premier acier produit sans énergie fossile au monde. Quelques semaines plus tard, c’était au tour de Mercedes-Benz d’annoncer son intention (article en anglais seulement) d’utiliser de l’acier vert. Il s’agit là d’une réalisation remarquable sur tous les plans qui laisse présager un avenir prometteur. Rien de tout cela n’aurait été possible sans la longue tradition suédoise en matière d’innovation.
Mon billet de blogue porte sur l’exploitation minière écologique en Suède et sur la façon dont les données et les technologies peuvent contribuer aux progrès réalisés dans cette région et dans le monde.
L’avenir « vert » de l’exploitation minière
Dans les comtés de Norrbotten et de Västerbotten, dans le nord de la Suède, on prévoit d’investir plus de 107,5 milliards d’euros sur 20 ans, principalement dans les secteurs de l’acier, des mines, de l’énergie et des technologies. Ce budget sera consacré à l’utilisation de procédés écoénergétiques pour l’approvisionnement en matériaux naturels, autrement dit, à l’exploitation minière responsable. Dans le cadre de ce projet, plus de 25 000 nouveaux emplois seront créés, ce qui mènera à l’installation de près de 100 000 nouveaux résidents dans la région. L’impact environnemental positif de cette transition vers l’exploitation minière sans carbone et l’acier décarboné, soit l’acier vert, est énorme. En effet, dix pour cent des émissions de CO2 en Suède et environ sept pour cent à l’échelle mondiale sont attribuables aux industries minière et sidérurgique.
La transformation durable va au-delà de la production d’acier décarboné de nouvelles usines ou de la construction d’énormes usines de batteries. Il s’agit de construire des mines durables à long terme au fonctionnement largement numérisé et automatisé, ainsi que des usines d’hydrogène écologiques à haute capacité de production. Il s’agit également de bâtir une économie circulaire axée sur des produits stratégiques créés à partir de déchets miniers qu’on peut transformer pour produire des minéraux de terres rares et des engrais sans énergie fossile et sans cadmium.
Les bases de l’avenir jetées il y a plus d’un siècle
Comment peut-on facilement concevoir l’investissement massif prévu pour faire de la Suède un pays durable? Voici une petite analogie qui vous permettra de mieux saisir la différence significative entre un million et un milliard. Si vous dépensez un dollar par seconde, il vous faudra un peu plus de 11 jours pour dépenser un million de dollars. Par contre, il vous faudra 32 ans pour dépenser un milliard de dollars.
Ces investissements audacieux sont le résultat de choix judicieux faits il y a plus de 100 ans lors de la création des mines du nord de la Suède. Pour transporter le minerai, il a fallu construire 650 km de chemins de fer pour relier les mines au port de Narvik, en passant par les montagnes arctiques. On décida dès le début d’électrifier tout ce réseau; un véritable projet d’innovation technologique à l’époque! De fil en aiguille, d’immenses centrales hydroélectriques ont vu le jour le long de la rivière Luleå. D’ailleurs, la première usine fut construite dans le village de Porjus. Elle est la première d’une série d’usines qui produisent à présent 46 % de l’énergie totale de la Suède.
Comme l’électricité ne pouvait être transportée sur de longues distances, on a envisagé de construire une fonderie à Porjus, localité idéalement situé près de la source d’énergie et de la matière première à traiter. Cependant, on abandonna le projet dès l’apparition de nouvelles techniques de transport de l’électricité efficaces sur de longues distances. Nous avons bouclé la boucle aujourd’hui : nous investissons dans la construction de nouvelles centrales décarbonées à proximité des mines et de la source d’énergie hydroélectrique écologique, assurant ainsi une durabilité accrue.
Saviez-vous que 7 à 8 % du PIB de la Suède avaient été affectés à ces projets d’envergure au court d’une de ces premières années d’investissement? Les efforts pionniers qui ont débuté il y a plus d’un siècle continuent de contribuer grandement à la prospérité de la Suède. À l’instar d’une fondation solide, les efforts tournés vers l’avenir renforcent les réalisations innovatrices du présent. L’innovation continue, la recherche et la transformation expliquent également pourquoi l’industrie minière suédoise a survécu et prospéré malgré l’évolution des produits et des systèmes de production.
Les facteurs dont va dépendre l’avenir de l’exploitation minière
Un changement s’opère souvent en raison d’un ou de plusieurs des facteurs suivants :
- les progrès technologiques;
- les nouvelles lois et exigences commerciales;
- l’évolution des besoins des clients;
- la concurrence.
Tous ces facteurs contribuent aux changements actuels et aux décisions d’investissement visant à réduire les émissions de CO2. Ils accélèrent également la transformation qui découle de ces changements.
La nécessité de réduire rapidement l’empreinte environnementale et les émissions est accentuée par la demande accrue de produits et de systèmes de production écologiques. Parallèlement, le changement est une occasion de réduire les coûts par l’intégration de nouvelles technologies comme l’automatisation et de revoir notre façon de travailler. La réduction des coûts se traduit également par la réduction des redevances et des taxes futures liées aux émissions.
Des initiatives d’exploitation minière écologique propulsée par l’utilisation des données et des technologies
On observe la mise en œuvre de programmes de transformation durable dans toutes les sphères de la société. Ces programmes entraînent parfois une utilisation accrue des ressources, en particulier les minéraux, qui sont à la base de presque tout ce que nous produisons, des téléphones intelligents aux batteries de voiture. En conséquence, il convient de mettre en place une chaîne de production et d’approvisionnement efficace de l’exploitation minière au recyclage pour s’assurer que ces programmes atteignent leurs objectifs de durabilité.
En plus de réduire les émissions de carbone grâce à des processus d’extraction et de production de matières premières innovants, les entreprises se tournent vers la transformation numérique et combinent l’utilisation des technologies à de nouvelles méthodes de travail pour atteindre leurs objectifs de durabilité. Elles optent, par exemple, pour l’intégration automatisée des données de différents systèmes et l’autorisation d’accès de tous les intervenants afin de faciliter les processus numériques liés aux permis d’exploitation minière. Le traitement des permis d’exploitation minière et des processus similaires comme la planification des infrastructures et l’obtention de permis environnementaux est ainsi accéléré.
On constate par ailleurs une demande croissante de preuves de pureté des matières premières jusqu’au produit fini, et ce, tout au long de la chaîne de valeur. Pour fournir ces preuves, les entreprises produisent et stockent une quantité croissante de données, ce qui les oblige à se connecter à des solutions de traçabilité numérique. Évidemment, le traitement de ces données doit se faire en suivant des protocoles écologiques. Le recours à la technologie spatiale, par exemple, est de plus en plus courant pour soutenir la traçabilité et l’analyse, notamment pour suivre et mesurer les émissions et pour comprendre et optimiser la chaîne d’approvisionnement. C’est d’ailleurs ainsi que l’Agence spatiale européenne (ESA) a commencé à travailler sur un jumeau numérique de la Terre (article en suédois seulement) pour mieux comprendre le fonctionnement de la gestion alimentaire mondiale. Nos experts participent à la construction du prototype du jumeau numérique. Il s’agit de la première étape de la création d’un écosystème autour de la gestion des aliments.
Un écosystème prônant des valeurs communes en matière de durabilité
Les stratégies de transformation numérique intégrant des activités axées sur les données constituent une caractéristique intrinsèque et nécessaire de la transformation, tout comme la collaboration avec un écosystème de partenaires. Par conséquent, c’est en grande partie grâce à l’industrie de la technologie que s’opère le changement et que les sociétés minières peuvent se réinventer. L’optimisation des processus, la production de rapports transparents sur les indicateurs de rendement clé pertinents, la consommation et la réutilisation efficaces de l’eau, ainsi que l’efficacité énergétique sont autant de domaines où les sociétés minières et métallurgiques peuvent tirer profit d’une vaste expérience technologique.
La collaboration est un mot d’ordre dans le passage de la réaction à la prédiction des futures exploitations minières et tous les intervenants de l’écosystème doivent être « propres » pour produire des produits sans carbone. Chez CGI, nous nous engageons à contribuer à la protection de l’environnement grâce à des pratiques responsables dans nos opérations et à atteindre l’objectif zéro émission nette de carbone d’ici à 2030. Fait tout aussi important, nous nous engageons à fournir des solutions robustes de développement durable pour aider nos clients et nos partenaires à poursuivre leur démarche en la matière.
Nous sommes à l’aube des plus grandes transformations sociales jamais observées. Le changement indispensable qui s’opère actuellement nécessite une collaboration entre les industries et au-delà des frontières, et nous avons tous un rôle à jouer en ce sens. Veuillez communiquer avec moi si vous souhaitez obtenir plus de détails sur la façon dont nous pouvons collaborer pour façonner un avenir durable et vert.