Ainsley

Ainsley Ward

Vice-président, services-conseils en paiements

Ce titre est peut-être audacieux, pourtant les régulateurs du monde entier partagent apparemment ce point de vue, puisqu’ils ont infligé de lourdes amendes aux banques pour de récentes défaillances informatiques. Il semble que les infrastructures vieillissantes utilisées par les grandes banques pour fournir des services soient de plus en plus sous les feux de la rampe.

Au total, il existe une trentaine de très grandes banques connues sous le nom de BISm (Banques d'importance systémique mondiale), dont la plus petite gère des actifs d’une valeur supérieure au PIB combiné des 30 nations les plus pauvres du monde1. L’impact de ces banques sur l’économie mondiale est considérable, tant individuellement que collectivement. Par conséquent, leur performance et leur capacité de résilience sont essentielles pour réduire les risques économiques mondiaux et renforcer l’économie mondiale.

Bien que nombre de ces banques aient investi massivement dans la numérisation et la création d’expériences client positives, la majorité d’entre elles dépendent encore de systèmes de soutien construits dans les années 70 et 80, soit des applications COBOL recouvertes de couches d’intergiciels. Bien que ces solutions restent robustes et fonctionnent quotidiennement, on craint de plus en plus que leur technologie sous-jacente ne soit plus adaptée. Le changement climatique, l’évolution vers des services bancaires 24 heures sur 24 et 7 jours sur 7 et des cyberattaques de plus en plus sophistiquées risquent de nuire à leur efficacité.

La stabilité économique mondiale dépend de la modernisation des technologies bancaires

Les banques ne parviendront à préserver la stabilité économique mondiale que si elles modernisent cette technologie patrimoniale. L’étude annuelle de CGI La voix de nos clients le confirme. Plus des deux tiers des banques qui ont participé à nos discussions consultatives ont indiqué que les systèmes existants continuent de les empêcher de tirer pleinement parti de leur investissement dans la numérisation.

Par ailleurs, la transition vers des données en temps réel et une disponibilité continue sont devenues un défi majeur en raison du vieillissement de ces systèmes. Compte tenu du rythme actuel de l’évolution technologique, les TI existantes resteront un problème important pendant au moins la prochaine décennie.

Les technologies bancaires existantes constituent-elles le plus grand risque pour l’économie mondiale? En termes simples, si l’une de ces quelque 30 BISm se trouvait dans l’incapacité d’effectuer des transactions pendant plus de quelques jours, les marchés financiers du monde entier en subiraient les conséquences dévastatrices. En outre, l’incidence sur les liquidités mondiales et les défauts de règlement pourraient être catastrophique pour les entreprises opérant sur les marchés concernés.

Certaines BISm étudient déjà la manière dont les services de base pourraient être rétablis, sans tenir compte des risques, afin de permettre aux marchés de continuer à fonctionner. Toutefois, il s’agit là d’un plan de continuité des affaires relevant de la survie plutôt que d’une restructuration de la banque.

Les régulateurs ont déjà reconnu le risque économique mondial que représentent les défaillances informatiques des banques. Les nouvelles législations, telles que le règlement sur la résilience opérationnelle numérique (DORA), de l’Union européenne, garantissent que la résilience reste une priorité pour les directeurs informatiques des banques. Cependant, les systèmes qui sont en place depuis plus de 40 ans font généralement partie intégrante de la banque et semblent impossibles à retirer et à remplacer. Les grandes banques qui ont lancé des projets de remplacement des systèmes centraux constatent souvent qu’il s’agit de processus qui peuvent durer des décennies et qui ont tendance à survivre aux dirigeants qui les ont soutenus et à la technologie de la nouvelle plateforme mise en œuvre.

Trois approches éprouvées de la modernisation


Heureusement, les leaders en numérique du secteur bancaire sont aujourd’hui à la fin de leurs programmes de transformation numérique et ont quelques enseignements à relayer. Il en ressort trois modèles de modernisation distincts que les banques appliquent par l’intermédiaire de partenaires, de services en mode délégué ou de la modernisation en tant que service. Ces modèles se concentrent sur la migration des fonctions tout en respectant les modèles de risque des banques.

Premier modèle : envelopper et serrer

Ce modèle équivaut à une « morte lente » de l’application existante. La première étape consiste à réaliser un audit fonctionnel et un audit du flux de données. Ensuite, on élabore un plan de migration des blocs fonctionnels vers des applications nouvelles ou existantes à l’intérieur de l’écosystème. Une fois la feuille de route de cette migration mise en place, les fonctionnalités du système existant sont lentement réduites jusqu’à ce qu’il n’ait plus rien à faire. On peut commencer par déplacer les applications hors de l’ordinateur central pour qu’elles soient plus accessibles et plus faciles à utiliser. Bien qu’il s’agisse d’un projet à long terme, il présente relativement peu de risques et permet d’effectuer un changement de direction dans le cadre du programme de modernisation.

Deuxième modèle : mise en place en parallèle

Ce modèle implique la construction d’une infrastructure de remplacement et la migration du trafic de l’ancienne infrastructure vers la nouvelle, soit par phases, soit en une seule fois. Une migration totale comporte plus de risques, c’est la raison pour laquelle elle est moins souvent utilisée. Ce modèle peut être réalisé dans un délai relativement court. Il existe toutefois des risques inhérents : en raison de restrictions budgétaires, il arrive que la nouvelle infrastructure ne soit conçue que pour remplacer les parties les plus importantes de l’ancien système, et non l’intégralité de celui-ci. Cette limitation des fonctionnalités peut devenir problématique par la suite. Si une banque choisit un modèle de mise en place en parallèle, elle doit s’engager à remplacer toutes les fonctionnalités pour en tirer tous les avantages.

Troisième modèle : juste assez pour... (JAP)

Ce modèle est l’approche la moins ambitieuse. Dans le cadre d’une stratégie du type « soulever et déplacer », l’ordinateur central est reformaté ou modernisé afin de réduire les coûts du projet. Au lieu de modifier l‘application principale, la banque fait évoluer la technologie de l’application juste assez pour reporter de quelques années une refonte majeure. Le modèle JAP a connu un renouveau grâce à l’intelligence artificielle générative (GenAI). Des outils de codage basés sur l’IA, tels que Copilot, sont utilisés pour traduire le code original dans un langage moderne afin qu’il puisse fonctionner sur une pile technologique plus récente et être couplé à des couches d’API ou même à des plateformes de données en continu. Cependant, ce que le modèle JAP ne corrige pas, c’est la conception de l’application vieille de 40 ans, ce qui donne lieu à un jeu de résilience plutôt qu’à une véritable modernisation. JAP ne réduit pas le risque, il ne fait que le reporter.

Réduire la menace que représente le vieillissement des technologies de l’information pour l’économie mondiale

Alors que plus des deux tiers des banques mondiales sont aux prises avec une dette technologique systémique dans leurs écosystèmes et qu’elles doivent mettre en place des plans de continuité des activités complexes sur plusieurs jours, l’obsolescence chronique de l’infrastructure informatique constitue une véritable menace pour la stabilité de l’économie mondiale. Cette situation est aggravée par des difficultés telles que l’inadéquation des chaînes d’approvisionnement mondiales pour le matériel informatique central, la pénurie de développeurs COBOL et la dépendance à l’égard de l’infrastructure de télécommunications.

Les banques ont toutefois la possibilité de s’unir pour améliorer la santé systémique de l’économie mondiale par le biais de la modernisation. Bien entendu, cela présente des avantages considérables pour le secteur d’activité et les clients qui dépendent de ces services.

Si votre banque est confrontée à certains de ces défis, CGI peut vous aider. N’hésitez pas à me contacter pour discuter de la façon dont nous pouvons vous aider à faire progresser votre transformation numérique.


1G-SIBs Monitor H1 2024: Living Up To Expectations (spglobal.com), p.14.

À propos de l’auteur

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Ainsley Ward

Vice-président, services-conseils en paiements

Avec plus de 20 ans d’expérience dans les services bancaires et les paiements internationaux, Ainsley Ward est un leader d’opinion reconnu dans l’industrie qui supervise le développement des affaires pour les solutions de paiement de CGI. Auparavant, il a travaillé sur des initiatives de modernisation ...