Introduction à l’écoconception
L’AFNOR définit l’écoconception comme étant une « approche méthodique qui prend en considération les aspects environnementaux du processus de conception et développement dans le but de réduire les impacts environnementaux négatifs tout au long du cycle de vie d’un produit ».
Pour un service numérique cela peut correspondre à concevoir un service plus léger en fonctionnalité. En effet, plus une application est « lourde », plus elle consomme des ressources (eau, énergie, matière) et émet des GES et de la pollution sur son cycle de vie et plus elle accélère l’obsolescence du matériel sur lequel elle fonctionne, car elle nécessite des calculs plus importants.
À ce jour, seulement 19% des organisations ont mis en place des processus d’écoconception, et 15% le prévoient d’ici un an, selon une étude à paraître, réalisée en partenariat avec IDC.
Quelques chiffres pour mieux comprendre
Selon une étude de GreenIT parue en 2019, à l’échelle de chaque Européen, le numérique représente :
- 43% de notre budget annuel d’émission de gaz à effet de serre (pour rester sous la barre des +1,5°) ;
- 51% de notre budget annuel soutenable de consommation de ressources (28% pour les matériaux et 23% pour les énergies fossiles).
Avec l’essor du cloud et des objets connectés, GreenIT estime qu’il y aura plus de 68 milliards d’appareils numériques pour 5,5 milliards d’utilisateurs en 2025, confirmant l’ordre de grandeur déjà mit en avant par Cisco dans leur étude réalisée en 2018.
Or les services en ligne deviennent de plus en plus gourmands et consommateurs d’énergie : le poids moyen d’une page web a été multiplié par 155 en 27 ans, toujours selon GreenIT (selon des calculs basés sur les données d’HTTP Archive).
Cela est en parti dû à l’état préhistorique du web d’alors. Pour rappel, en 1996 le site d’Apple était considéré comme révolutionnaire car centré sur les photos des produits les photos étant alors rares sur le web. Actuellement, une part non négligeable de ce poids supplémentaire est dû à un manque d’optimisation des assets multimédia lors de leur conception.
Nous avons réalisé un diagnostic complet de l’interface web d’un site sportif et avons pu ainsi observer 30% de gain quant au poids des pages.
L’écoconception concerne toutes les étapes dans le cycle de vie d’un service numérique. CGI vous accompagne sur les différents aspects d’un projet : à la fois sur la création d’un service numérique écoconçu, mais également d’optimisation de vos solutions grâce à un audit d’écoconception de l’existant.
Agir dès l’étude des besoins
Les décisions prises lors de la phase de l’étude des besoins et de la conception fonctionnelle et technique peuvent réduire de 60% les impacts d’après le référentiel des 115 bonnes pratiques d’écoconception de Frédéric Bordage. Cette étape constitue donc le plus gros levier d’action.
Frugalité
La frugalité est une démarche quantitative. Par exemple, le nombre d’éléments dans une liste doit se limiter au minimum, le temps de chargement doit être réduit à l’acceptable pour éviter des surcoûts (énergétiques, …) — l’optimisation ayant un coût technique non négligeable.
Simplicité
Pour limiter l’impact du numérique, il est possible de viser une plus faible profondeur technique ce qui équivaut à une diminution du besoin de ressources informatiques :, bande passante, serveurs etc. La méthode MoSCoW permet de prioriser les fonctionnalités à l’aide d’une matrice comprenant 4 statuts :
- Must have (vital) : tâches impératives à exécuter en priorité ;
- Should have (essentiel) : valeurs ajoutées du projet ;
- Could have (confort) : à faire si on a de la bande passante ;
- Won’t have (luxe) : à laisser de côté pour plus tard.
Pour adapter cette matrice aux enjeux de l’écoconception, on pondère chaque élément en ajoutant des critères de coût technique, poids fonctionnel, besoin réel des utilisateurs…
Pertinence
La pertinence peut être mesurée par l’équation [pertinence] = [utilité] × [rapidité] × [accessibilité]. Il s’agit ici de supprimer les fonctionnalités ou interactions non pertinentes, c’est-à-dire non utilisées, trop lentes ou peu accessibles.
Éviter le « techno-solutionnisme »
Enfin, le point d’attention à avoir pour suivre une démarche d’écoconception est d’éviter le « techno-solutionnisme », c’est-à-dire l’usage abusif de technologies. Il faut ainsi se garder de dématérialiser la moindre démarche, le moindre processus sans avoir anticipé le poids de la solution retenue ainsi que ses conséquences : vais-je devoir acheter du matériel neuf, en quelle quantité, pour quelle durée de vie… Et à l’inverse adopter une démarche en se posant systématiquement les questions suivantes : la dématérialisation est-elle absolument nécessaire ? Quels coûts supplémentaires vont être engendrés ? Quel sera la durée de vie de cette application, fonctionnalité ? Quel en sera le ROI ? Est-il possible de concevoir cette fonctionnalité avec un composant logiciel moins gourmand ?
Annexes
Pour aller plus loin, vous pouvez consulter le guide de référence de conception responsable de l’INR.