L’IT bimodal a la cote. Cette méthode permettant de gérer à la fois la maintenance des systèmes existants et l’innovation nécessaire à la transformation digitale constitue même un passage obligé de la modernisation IT pour les DSI.
À l’origine, l’IT bimodal part d’un constat simple : les DSI ne peuvent pas entièrement s’aligner sur le modèle des start-up. Elles doivent en effet conjuguer l’évolution de leur système d’information (SI) existant et l’innovation agile nécessaire à la transformation digitale.
Pour le cabinet d’analyse Gartner, l’approche bimodale consiste à allier les méthodologies traditionnelles et agiles. « Il s’agit de renforcer et d’optimiser le système d’information historique et de conduire en parallèle l’innovation et la transformation en mode agile » explique Yann Camenen, directeur en charge de l’offre stratégie et gouvernance de la DSI chez CGI Business Consulting.
En d’autres termes, les DSI doivent gérer une informatique à deux vitesses : le temps de l’entreprise industrielle (les besoins issus des métiers et de la réglementation, la fourniture des services aux utilisateurs, les évolutions matérielles et logicielles) et le temps du numérique (accompagner en mode agile les innovations et les ruptures technologiques).
Être bimodal ou ne pas être
Pour Gartner, cette double trajectoire devrait dicter toutes les stratégies des DSI. Selon les analystes, « la pire chose que pourrait faire un DSI serait de retarder la mise en œuvre d’une approche bimodale ». Ainsi, selon leurs prévisions, 75 % des départements informatiques vont s’engager dans une telle démarche d’ici 2017, contre 45 % aujourd’hui.
La raison de cet engouement ? « L’approche bimodale permet d’innover, de prendre plus de risques, tout en contrôlant les coûts. On modernise ainsi le SI historique pour dégager des budgets réinvestis dans l’innovation. Il s’agit des deux facettes d’un même objectif : celui de l’entreprise dans le cadre de sa modernisation IT » estime Yann Camenen. Cette approche présente toutefois quelques écueils.
Du bimodal au trimodal
« L’accostage entre les deux pôles de l’approche bimodale constitue la principale difficulté à laquelle doivent faire face les DSI » détaille Yann Camenen. Ainsi, lorsqu’un projet innovant a démontré son efficacité, il doit être intégré ensuite dans les processus standards de la DSI. Si les deux pôles sont trop cloisonnés, la transition peut se révéler laborieuse. C’est la raison pour laquelle certains préconisent une approche tri-modale. Pour résumer, la DSI serait divisée en trois entités : les « pionniers » (en charge de l’innovation), les « planificateurs » (qui gèrent l’informatique opérationnelle au quotidienne) et les « settlers » (qui coordonnent le tout en industrialisant les innovations des pionniers).
En tout état de cause, c’est bien la collaboration entre les équipes en charge de l’innovation et celles en charge de la gestion de l’existant qui garantira le succès des démarches bi-modales pour moderniser l’IT.