Depuis le 6 février dernier, la Loi Macron et son article 43, instaurent de nouvelles règles imposées aux banques pour faciliter la mobilité bancaire des consommateurs. Un client qui veut changer de banque et y domicilier ses revenus doit seulement indiquer à sa nouvelle banque quelle est sa banque actuelle. Charge alors à la banque d’arrivée de gérer gratuitement l’intégralité des formalités, dont le transfert des prélèvements automatiques.
Changer de banque simplement, rapidement et en toute sécurité
Un changement de banque principale doit devenir, pour les clients, un acte simple, rapide (la loi indique des délais maximums dans les échanges d’informations entre banques) et sûr (disparition des incidents de paiements à cause d’opérations réalisées sur des comptes que l’on pensait avoir fermés). Résultat escompté : une concurrence renforcée entre les établissements bancaires au profit des consommateurs.
Dynamiser le marché de la banque de détail
Il faut dire que le marché de la banque de détail ne brille pas par son dynamisme : seuls, 4,5% des clients changent de banque chaque année (contre 10% en moyenne en Europe). 40% des Français n’ont même jamais changé de banque principale au cours de leur vie* et pour 57% d’entre eux, la dernière ouverture de compte remonte à plus de 5 ans. Cette forte inertie peut notamment expliquer que les banques ont presque toutes pu généraliser la facturation de frais de tenue de compte en 2016, sans constater un exode des clients.
En même temps, les Français ne savent pas vraiment combien leur coûte leur banque : seuls, un tiers d’entre eux en ont une idée précise, alors même que plus de la moitié d’entre eux disent avoir consulté leur relevé annuel de frais bancaires au cours des 12 derniers mois. Est-ce par désintérêt ou en raison d’une trop grande complexité ? En tout cas, les Français ont quand même le sentiment diffus que leur banque leur coûte de plus en plus cher (2/3 des Français ont perçu une inflation en 2016).
Présenter ce nouveau dispositif aux consommateurs
À la lumière de ces tendances, faut-il dès lors s’attendre à un basculement dans une nouvelle ère ? Le chemin s’annonce long ! Tout d’abord, il faut expliquer le dispositif aux Français et les convaincre qu’il est effectivement sûr et rapide. Aujourd’hui, 92% des Français déclarent très vaguement connaitre ou ignorer ce nouveau service de mobilité bancaire. Une fois connu, ce service va-t-il être incitatif ? Probablement mais pour une faible part de clients. Lorsqu’on demande aux Français quelles sont les principales raisons qui peuvent les freiner dans un changement de banque principale, 42% répondent qu’ils sont satisfaits de leur banque, 32% précisent qu’ils apprécient la proximité de l’agence et 27% ne voient pas de différence d’une banque à l’autre. À l’inverse, le fait de considérer un changement de banque comme complexe et anxiogène n’arrive qu’en 7ème position des freins éventuels. Or, c’est justement pour gommer ce frein qu’a été conçue cette loi.
Une loi efficace ?
Qui seront les grands gagnants en cas de mobilité des clients ? On peut supposer que les banques en ligne ou les nouveaux acteurs comme Orange Bank sont les mieux placés, en proposant des tarifs plus bas et une meilleure qualité de services sur mobile. Mais, là encore, les jeux sont loin d’être faits : les Français restent majoritairement attachés à l’agence et à un conseiller référent qu’ils peuvent rencontrer physiquement.
L’exemple du Royaume-Uni est d’ailleurs assez parlant : un service de mobilité bancaire a été lancé dès 2013. Six mois plus tard, la mobilité bancaire avait bondi de 14%, au détriment des 4 principales banques de réseau (HSBC, Barclays, NatWest et Lloyds), qui avaient enregistré une perte nette de clients comprise entre 1% et 7%. Mais la dynamique s’est essoufflée. Aujourd’hui, seuls 3% des anglais changent de banque tous les ans.
Au final, La Loi Macron ne peut être que positive et va faciliter la vie des Français lorsque ces derniers changeront de banque. Quant à dire si elle va révolutionner le marché de la banque de détail dans les prochaines années, il y a encore un pas qu’il est difficile de franchir pour le moment …
* Les chiffres cités dans l’article sont extraits de l’enquête « Mobilité bancaire – État des lieux et perspectives », réalisée en janvier 2017 par NextContent pour SAB et CGI