Après deux années d'intenses développements, Element AI lance officiellement ses premières solutions et continue d'affoler les marchés, en Amérique du Nord et ailleurs.
C'est un lever de rideau qui suscite une indéniable curiosité, tant dans les milieux de la Tech que dans les cercles business : Element AI commercialise officiellement ses premiers produits. La fin d'un mystère, ou plutôt d'une "phase furtive", pendant laquelle la startup canadienne, spécialiste de l'Intelligence Artificielle, s'est attachée à développer et perfectionner ses solutions dans le plus grand secret.
Fin février, Element AI a donc dévoilé un accord avec la Banque Nationale du Canada qui, avec ses quelque 23.000 employés, compte parmi les plus importants groupes financiers du pays. Element AI va lui fournir des outils de gestion de cybersécurité alimentés par des logiciels d'IA.
"La Banque Nationale du Canada est confrontée au même problème que de nombreuses entreprises : des alertes de sécurité trop nombreuses, pas toujours pertinentes, et qui font perdre beaucoup de temps aux analystes et officiers de sécurité. Notre solution permet de grouper ces alertes et d'établir une cartographie, pour éliminer les faux-positifs, ignorer les alertes de bas niveau et se concentrer sur celles à haut-risque," explique Christophe Coutelle, Vice-Président Marketing d'Element AI.
Le projet illustre et résume l'ambition de la jeune entreprise : "éliminer les tâches répétitives et aider les gens à être meilleurs dans leur travail', en utilisant les algorithmes pour analyser les données et aider les collaborateurs à prendre des décisions adaptées.
Une étoile montante de l’Intelligence Artificielle
L'officialisation de l'accord avec la Banque Nationale du Canada est à la hauteur de l'attente et des espoirs qui accompagnent Element AI. Depuis sa création en octobre 2016 par Jean-François Gagné, serial entrepreneur, et Yoshua Bengio, chercheur réputé en Intelligence Artificielle, la jeune pousse affole tous les compteurs. Obtenant par exemple, sept mois à peine après son lancement, un financement historique de 137 millions de dollars canadiens, soit 93 millions d’euros. Element AI compte aujourd'hui de nombreux investisseurs prestigieux (Intel Capital, Microsoft Ventures, Nvidia).
Pour dessiner ce succès, la startup a relevé de nombreux défis. Technologiques, tout d'abord, en privilégiant "une approche apparentée à des Lego". Soit différentes briques d'Intelligence Artificielle, toutes développées en interne ("pour garantir leurs performances et leur compatibilité") puis "assemblées et contextualisées pour répondre aux besoins des métiers".
Ainsi, en assemblant des briques type Reconnaissance optique de caractères, Traitement de langage naturel et Traduction, Element AI peut proposer des solutions complètes d'"Automatic Document Processing", c'est-à-dire capables de lire, numériser et comprendre des textes, y compris manuscrits… Mais surtout de "faire des recommandations sur les actions à mener et de s'améliorer au fur et à mesure grâce au deep-learning". Un type de traitement automatisé qui intéresse fortement le secteur de l’assurance, pour la gestion de sinistres. Ces solutions clés-en-main peuvent aussi être répliquées pour de nombreuses industries : dossiers de prêts immobiliers, crédits à la consommation, gestion automatisée de factures et de notes de frais, etc.
Element AI cible donc les entreprises de la finance et de l’assurance, ainsi que les secteurs de la cybersécurité, du Manufacturing, du Transport et de la Logistique. Dans ce domaine, Element AI travaille par exemple avec le port de Montréal pour optimiser la gestion des camions de déchargement, en agrégeant "des tonnes d'informations hétérogènes" : historique des temps d’attente, date et heure d’arrivée de navires, mais aussi météo, chargements, etc. "L'objectif est de prédire l’attente à des moments précis pour permettre aux camionneurs de mieux planifier leurs rotations."
L'humain toujours au cœur
L'autre défi relevé est humain et organisationnel. L'entreprise est ainsi "passée en quelques mois seulement de 0 à 500 collaborateurs", dont une centaine de PhD. Element AI recrute des têtes bien faites, mais aussi "des hommes et des femmes qui partagent les valeurs de l'entreprise - tout faire pour rendre la technologie accessible au plus grand nombre et toujours garder l'humain au centre".
Ainsi, dans la gestion des sinistres, c'est à un humain qu'il revient de valider toutes les recommandations. Et l'algorithme reste transparent, "self-aware", sur son niveau de confiance : "s'il estime qu'il n'est pas capable de lire un point du document, par exemple le nom de l'assuré, avec un niveau de confiance suffisamment élevé, l'algorithme repasse en mode manuel et va demander à un collaborateur de revoir ces documents manuscrits".
Element AI s'implique aussi dans l'AI for Good, notamment à travers son bureau de Londres.
L'entreprise canadienne réfléchit aussi à des partenariats, notamment avec des géants du numérique tels que CGI. "CGI peut nous apporter une expertise métier, une connaissance très fine des besoins du client. Et ainsi nous aider à contextualiser nos produits, pour qu'ils correspondent et répondent exactement aux besoins des différentes industries."
Element AI souhaite aussi poursuivre son développement, en capitalisant sur ses projets en Amérique du Nord et en Europe. L'entreprise réfléchit aussi à de futures implantations et étudie la possibilité d'ouvrir son premier bureau en France prochainement.