L’accélération, la réduction du coût et la transparence des paiements transfrontaliers étaient au cœur d’une séance de discussion intitulée « Faster Payments in a Cross-Border Economy » (« Les paiements rapides dans une économie transfrontalière ») qui a eu lieu durant le SOMMET de Paiements Canada* de cette année. Cette séance, pendant laquelle on a pu découvrir les perspectives d’Elena Whisler, vice-présidente principale des ventes et de la gestion des relations chez The Clearing House, et d’Andy Schmidt, vice-président et responsable sectoriel, Services bancaires mondiaux chez CGI, était animée par Orlando Vanin, directeur du développement des affaires chez CGI. Lisez la suite pour en savoir davantage sur les efforts déployés pour améliorer les paiements transfrontaliers.
Pour arriver à leur destination à l’étranger, les paiements transfrontaliers doivent actuellement transiter par des réseaux complexes de relations bilatérales entre les institutions financières. Durant le cycle de vie d’un paiement transfrontalier, l’argent doit changer de main à plusieurs reprises, faire l’objet de vérifications rigoureuses pour s’assurer que le paiement respecte diverses exigences réglementaires, et être converti dans la monnaie du pays de destination – des opérations qui engendrent toutes des frais. Le processus est compliqué et coûteux du début à la fin.
Les paiements transfrontaliers sont effectués pour diverses raisons et par différents types de clients d’institutions financières, qu’il s’agisse de particuliers, de grandes entreprises ou même d’infrastructures de marchés centraux. Cela dit, il est possible – et préférable – d’augmenter la rapidité, l’omniprésence et la transparence des paiements transfrontaliers, tout en réduisant simultanément les coûts et les risques qui y sont associés. La technologie et l’interopérabilité sont deux moyens de promouvoir et de concrétiser l’accélération des paiements transfrontaliers, l’atténuation des risques et l’accroissement de la transparence.
Rapidité et transparence
Selon Elena Whisler, la demande provenant non seulement des particuliers et des entreprises, mais aussi des organisations mondiales, a exacerbé la nécessité d’accroître la rapidité et la transparence des paiements transfrontaliers. Elle a notamment mentionné que le Committee on Payments and Market Infrastructures (CPMI) de la Banque des règlements internationaux (BRI) a mis sur pied un programme qui vise à accélérer le règlement des paiements transfrontaliers de façon sécuritaire, tout en rendant le processus plus économique, prévisible et accessible.
L’augmentation de la simplicité et de la transparence du début à la fin du processus est la façon la plus prometteuse d’accélérer les paiements transfrontaliers. Le secteur bancaire a récemment délaissé les centres physiques traditionnels, qui étaient la norme il y a quelques années, pour les remplacer par des offres numériques présentant plusieurs avantages. Les clients demandent de plus en plus à leurs institutions financières de révolutionner le traitement des paiements et d’éliminer la friction, tout en renforçant l’économie mondiale, qui repose depuis plusieurs décennies sur un modèle financier traditionnel.
Dans le contexte actuel, où les attentes des clients sont élevées et où l’instantanéité et le partage d’information sont de mise, il est naturel de se demander si le secteur financier est prêt à offrir une expérience de paiements transfrontaliers plus transparente et plus rapide. Selon Elena, la réponse est oui, sans la moindre hésitation. Elle a souligné que les institutions financières et les exploitants de réseaux avaient déjà commencé à prendre des mesures concrètes pour améliorer la rapidité et la transparence des infrastructures et des systèmes existants en proposant des offres comme SWIFT gpi et SWIFT Go.
Parallèlement, des initiatives récemment lancées laissent déjà entrevoir le développement de solutions de rechange viables et prometteuses pour les institutions financières et leurs clients. La démonstration de faisabilité du service Immediate Cross-Border (IXB), un projet conjoint de The Clearing House (TCH) et EBA CLEARING réalisé en collaboration avec SWIFT, est un excellent exemple de la façon dont le marché peut tirer parti des systèmes régionaux de virements instantanés déjà en place pour traiter les paiements transfrontaliers. De plus, TCH s’affaire activement à connecter son réseau en temps réel RTPMD et son réseau de paiements de valeur élevée CHIPS aux réseaux homologues d’autres pays et régions. Elena a précisé que ces types d’efforts augmentent la masse critique et la transparence des paiements transfrontaliers.
En plus de la démonstration de faisabilité du service IXB, il existe d’autres initiatives notables.
La Banque centrale d’Italie exploite le système TARGET Instant Payment Settlement (TIPS), fondé sur les virements instantanés SEPA (SCT Inst). Les participants peuvent retirer des fonds de leur compte TARGET2 et les déposer dans leur compte TIPS pour régler instantanément des paiements. Le système TIPS permet aussi de régler des paiements dans des monnaies autres que l’euro, comme la couronne suédoise.
L’initiative NEXUS de la BRI est utilisée par les réseaux de paiements rapides de Singapour et de la Thaïlande pour permettre aux banques participantes d’envoyer des paiements transfrontaliers rapides en fournissant uniquement le numéro de téléphone du destinataire.
Technologie
Andy Schmidt a acquiescé et nous a rappelé que la pandémie a fait augmenter encore davantage l’importance de partager l’information. Le désir des clients de pouvoir faire le suivi de leurs paiements a mené à des avancées technologiques qui nous connectent virtuellement à l’échelle mondiale, ainsi qu’à la capacité à obtenir des renseignements bancaires plus facilement. Andy a suggéré que les monnaies numériques, qu’il s’agisse d’une monnaie numérique de banque centrale, de Bitcoin ou encore de jetons non fongibles (JNF), feront bientôt partie intégrante du monde des paiements et faciliteront grandement la création de nouvelles capacités de paiement.
Bien que les acteurs du secteur financier américain visent d’abord à déployer cette approche à petite échelle et à mettre l’accent sur le marché intermédiaire et sur les transactions de détail de faible valeur, l’objectif consiste clairement à répondre aux besoins des grandes entreprises et à accélérer le traitement des transactions transfrontalières de valeur élevée. À l’échelle régionale, il serait possible d’utiliser cette approche pour les transactions entre les États-Unis et le Canada en connectant les systèmes de paiements en temps réel et/ou de valeur élevée. À l’échelle internationale, pour les paiements entre les États-Unis et l’Europe, par exemple, on pourrait y parvenir en formant des partenariats avec le réseau de l’Autorité bancaire européenne (ABE) et SWIFT.
La connexion des réseaux de paiements intérieurs procure plusieurs avantages :
elle permet de profiter de la rapidité et de la disponibilité en tout temps de chaque système intérieur;
elle réduit les coûts associés aux paiements transfrontaliers grâce à la combinaison de réseaux de paiements plus rapides et de l’élimination de la nécessité pour les institutions financières de créer des comptes correspondants (par conséquent, les banques peuvent offrir le traitement de paiements transfrontaliers dans des pays où elles n’ont aucune présence ni relation avec des banques correspondantes);
elle favorise l’inclusivité, puisque la plupart des réseaux de paiements rapides relient toutes les institutions financières d’un pays, et certains comprennent également un accès aux services de paiement de fournisseurs non bancaires;
elle accroît la transparence et la certitude en éliminant les chaînes de banques correspondantes et en assurant la communication des frais et des taux de change aux clients avant l’envoi du paiement;
elle renforce la sécurité en assurant le respect des exigences rigoureuses de gestion du risque de chaque réseau de paiement intérieur.
La structure idéale de cette connexion, qui peut soit prendre la forme d’un réseau en étoile ou d’une connectivité directe entre chaque réseau de paiements rapides, fait toujours l’objet de vifs débats. Les connexions bilatérales peuvent être efficaces si on ne connecte que quelques participants. Par exemple, un lien direct entre le réseau RTP de TCH, FedNow et le système de paiement en temps réel (SPTR) du Canada ne nécessiterait que trois connexions pour que les transactions entre un compte américain et un compte canadien soient traitées en quelques secondes plutôt qu’en plusieurs heures ou jours.
Cependant, si l’objectif est de lier tous les réseaux de paiements rapides du monde, dont le nombre s’élève à plus de vingt, il faudrait établir plus de 230 connexions individuelles pour créer un raccordement direct et bilatéral entre tous ces réseaux (ce qui est beaucoup plus complexe que d’établir une connexion individuelle entre chaque réseau et une plateforme centrale qui se charge de rediriger le trafic selon les besoins).
Pourquoi est-ce important? À la fin de 2020, les dix principaux marchés de paiements rapides du monde avaient traité en moyenne 5,7 milliards de transactions par mois. À ce moment, Pix, le réseau brésilien de virements instantanés, avait traité 1,3 milliard de transactions pour l’année entière (soit environ 2 % du volume total des 10 principaux marchés). En 2022, Pix a traité plus de 2,3 milliards de transactions durant le mois de septembre seulement, ce qui équivaut à une augmentation impressionnante de 176,9 % du volume de transactions comparativement aux volumes initialement enregistrés après le lancement du réseau en 2020.
En revanche, à la fin de juin 2022, SWIFT avait traité près de 2,4 milliards de transactions pour l’année – une moyenne de 400 millions de transactions par mois – et la valeur moyenne approximative des transactions était de 45 000 $ US.
transaction à 1 million $ US. Qui sait si une limite sera toujours imposée dans cinq ans? Il est facile de comprendre pourquoi les clients des institutions bancaires leur réclament des options plus rapides pour le traitement des paiements transfrontaliers, surtout si l’on tient compte des frais exorbitants associés aux virements internationaux.
Cependant, avant de pouvoir offrir des paiements transfrontaliers plus rapides, les institutions financières doivent d’abord se joindre au(x) réseau(x) intérieur(s) de paiements en temps réel de leur pays (p. ex., système RTP de TCH, FedNowSM, Pix, réseau de l’ABE) et mettre en place ce type de service. Les experts en paiements de CGI les aident à réaliser ces deux étapes.
Pour en savoir davantage sur les paiements transfrontaliers plus rapides ou sur les travaux de CGI dans ce domaine, veuillez écrire à orlando.vanin@cgi.com.