Qu’est-ce que Charles Darwin a à voir avec la transformation numérique dans le secteur de l’énergie? Plus qu’on ne pourrait le croire. La théorie de Darwin, selon laquelle les espèces qui survivent ne sont pas les plus fortes, mais celles qui s’adaptent le mieux au changement, peut indiquer la voie à suivre aux sociétés de services publics souhaitant effectuer une transition rapide vers un système énergétique durable.
Chaque année, CGI réalise plus de 1 000 entrevues en personne avec des leaders des fonctions d’affaires et informatiques dans 10 secteurs d’activité et 20 pays. Dans le cadre de ces conversations approfondies, nous discutons des tendances qui ont une incidence sur leur secteur ainsi que de leurs priorités d’entreprise et informatiques. Nous analysons les commentaires recueillis lors de cet exercice et présentons nos perspectives dans l’analyse CGI Global 1000. Cette année, l’urgence de procéder à une transformation numérique constitue la principale tendance.
La transformation numérique n’a rien de nouveau. D’ailleurs, au cours des dernières années, elle a profondément modifié les secteurs des télécommunications, du commerce de détail et des services bancaires. Des entreprises comme Kodak et Free Record Shop ont alors connu un important déclin, que les experts en transformation numérique expliquent par leur incapacité à s’adapter à cette nouvelle réalité. À l’autre extrême, on trouve des entreprises comme Uber et Airbnb, qui sont souvent citées en exemple pour illustrer une transformation numérique réussie.
Dans un contexte où les technologies numériques telles que l’informatique en nuage, l’Internet des objets et l’analyse de données massives gagnent en popularité, la transformation numérique deviendra bientôt une réalité pour les secteurs disposant d’actifs importants tels que les services publics. Selon le diagramme ci-dessous, les organisations de ces secteurs ne sont pas les plus rapides à adopter le numérique. Toutefois, elles peuvent tirer parti de l’expérience des chefs de file dans ce domaine : les organisations offrant des services directement aux consommateurs.
Défis majeurs pour le secteur énergétique
Nos clients du secteur énergétique nous ont indiqué que leur plus grand défi actuel consiste à extraire des données de leurs actifs de façon sécurisée et à exploiter ces données pour créer de la valeur, notamment en optimisant l’efficacité opérationnelle et en développant de nouveaux services et modèles d’affaires. Ils doivent également tirer parti de la numérisation afin de fournir à leurs clients une énergie durable, abordable, fiable et sécuritaire.
Centralisation et décentralisation
Nos discussions avec nos clients nous ont révélé que dans un avenir rapproché, nous constaterons une augmentation de la production et de l’entreposage décentralisés d’énergies renouvelables (p. ex. solaire, éolienne et géothermique). Des groupes de consommateurs et de citoyens feront également leur propre commerce des surplus d’énergie. Ce modèle reposera sur les microréseaux et les îlots énergétiques*.
En 2017, les sociétés de services publics devront mettre l’accent sur l’intégration des technologies numériques à leurs systèmes existants afin de s’adapter au nouveau contexte énergétique. Par contre, nos clients nous indiquent que la résistance interne à la mise en œuvre d’une culture axée sur le tout-numérique (71 %) et l’infrastructure TIC existante (50 %) représentent des obstacles à la transformation numérique et à la transition vers un marché énergétique décentralisé.
Parallèlement, nos clients perçoivent la transformation numérique comme une condition préalable au succès de cette transition et à la réduction des émissions de carbone. La transformation numérique permet aux sociétés de services publics de réaliser d’importantes économies de coûts et de réinvestir dans la transformation, qui s’opère notamment par la numérisation des réseaux et par l’offre de produits et services novateurs aux clients.
Transformation ou révolution numérique?
Je me demande si le terme « transformation numérique » est suffisamment inspirant pour nous inciter à mettre en place un système énergétique durable à temps. Nous avons peut-être besoin d’un terme plus puissant, comme « révolution numérique ». Les conséquences des changements climatiques sont manifestes et nous devons agir rapidement.
Selon les commentaires recueillis dans le cadre de CGI Global 1000, les sociétés de services publics sont sur le point de réaliser leur transformation numérique, mais elles doivent effectuer certains changements radicaux afin d’accélérer le processus. La transformation numérique vise à transporter les organisations à l’ère numérique en tirant parti de méthodologies agiles et de technologies émergentes, telles que l’Internet des objets et l’analyse de données massives, pour améliorer l’innovation, le développement de produits et l’exploitation. Ce changement modifie inévitablement la culture d’entreprise et présente un défi qui doit être relevé rapidement et efficacement.
La révolution numérique, pour sa part, consiste à adopter des modèles d’affaires axés sur les clients, procurant une certaine autonomie aux citoyens (grâce à des programmes d’adaptation de la demande ou à un modèle d’économie du partage fondé sur la chaîne de blocs, par exemple) et leur donnant accès à des solutions telles que les microréseaux et les îlots énergétiques. Pour en savoir davantage sur ces solutions et sur les façons dont elles peuvent faciliter la transformation des sociétés énergétiques, consultez nos études techniques du secteur des services publics.
Les îlots énergétiques* ou microréseaux sont un concept perturbateur : ils entraîneront la création de nouveaux rôles et modèles d’affaires et stimuleront la transition vers un nouveau système énergétique durable. Cette transition s’opère actuellement à un rythme très lent, malgré l’évidence des avantages anticipés.
Les îlots énergétiques créeront également un marché où le rôle des citoyens sera de plus en plus important. Le rôle des fournisseurs d’énergie risque également de changer. Par exemple, qu’arrivera-t-il lorsque les consommateurs et groupes d’utilisateurs commenceront à échanger de l’énergie entre eux, ou lorsque les exploitants de réseaux centraux et régionaux devront transporter moins d’énergie sur une distance accrue? Ces exploitants pourraient-ils se transformer en organisations agiles en offrant de nouveaux services (p. ex. alimentation auxiliaire)?
La révolution du marché de l’énergie semble inévitable. La question consiste maintenant à déterminer qui seront les Kodak ou les Uber du secteur énergétique. Darwin serait sans doute d’accord avec ma conclusion : la société a besoin de vivre une révolution numérique afin d’évoluer rapidement vers un système énergétique durable. Pour survivre, les sociétés d’énergie doivent s’adapter au changement – être agiles – en devenant des organisations numériques.
*en anglais