Barbara Rallu

Barbara Rallu

Vice-Présidente Conseil Expert sur les activités conseil pour le secteur financier – CGI Business Consulting

Les femmes constituent la moitié de la population mais encore une minorité des emprunteurs et investisseurs, en grande partie à cause d'inégalités de revenus persistantes. Pourtant, une meilleure inclusion financière reste possible, selon Barbara Rallu, experte du secteur bancaire et Vice-Présidente Conseil Expert au sein de CGI Business Consulting.

Avez-vous déjà mesuré le coût d’un crédit et de son assurance ? Épargné ? Investi dans un projet ou votre entreprise, diversifié vos actifs ? Au quotidien, nous utilisons de nombreux services financiers fournis par les banques.

Pourtant, l’accès à ces indispensables prestations demeure inégal dans le monde. En France, grâce au droit au compte, 99% de la population est bancarisée. Mais ce contenu minimal de service bancaire ne signifie pas "accès à des prestations complètes". C'est-à-dire facilités financières, crédit, assurance, produit d’épargne, prêt à la consommation, crédit immobilier, emprunt professionnel etc., qui s'avèrent indispensables au quotidien comme pour nos projets personnels et professionnels.

D'où l'importance de l’inclusion financière, qui vise à offrir ces services à toute la population. Hors, les femmes restent pénalisées. Par exemple, elles sont moins nombreuses que les hommes à contracter des prêts immobiliers (44,4 % de femmes, contre 55,6 % d'hommes mono-emprunteurs en 2020), et empruntent à des conditions moins favorables (emprunts sur durée plus longue et donc avec des taux d’intérêt plus élevés). En cause, des inégalités financières persistantes.

A poste et temps de travail identiques, les femmes gagnent en moyenne moins que les hommes. Elles occupent souvent des emplois moins qualifiés, sans accès aux mêmes responsabilités, promotions et salaires… Et gèrent davantage le foyer et leur famille. Après une naissance, ce sont plus souvent les femmes qui renoncent à leur activité professionnelle, et si elles la poursuivent, elles ont plus souvent recours au temps partiel que les pères. Ce sont des éléments qui ont notamment été analysés dans les travaux du récent prix Nobel d'économie Claudia Godin.

Résultat : le revenu salarial moyen des femmes est inférieur à celui des hommes de près d'un quart dans le secteur privé selon l’INSEE. Ces inégalités salariales et professionnelles se répercutent dans l'accès au crédit et autres facilités bancaires. Les banques appliquent en effet une politique de gestion des risques classique et réglementée.  Cela avantage les couples – deux sources de revenus égalent plus de garanties – et pénalise les salaires inférieurs, donc généralement les femmes.

Dès lors, comment assurer une meilleure inclusivité bancaire ? En attaquant le mal à la racine. Des femmes mieux payées auront de meilleurs dossiers. Il convient donc de réduire les écarts de rémunération, en s'appuyant sur l'index d'égalité professionnelle ; obligatoire pour les entreprises de plus de 50 salariés, il met en évidence les points de progression.

Autre piste, sécuriser les pensions alimentaires pour qu'elles puissent être incluses de façon plus systématiques dans les revenus, et donc la capacité d'emprunt. Le fait de laisser les établissements libres de compter ou non ces pensions pénalise les femmes – à la tête de 82% des familles monoparentales– dans leurs demandes de financement ou de crédit immobilier. Renforcer les mécanismes de lutte contre les pensions impayées, permettrait donc de sécuriser cette source de revenus aux yeux des prêteurs.

Quid des femmes entrepreneures ? Garantie ÉGALITÉ femmes, prêt d'honneur Initiative… Différentes aident existent mais restent peu connues. Valorisons aussi les réseaux d'accompagnement dédiés aux femmes et les concours pour soutenir les créatrices d'entreprises. Les banques ont aussi un rôle à jouer : l'attitude et le discours des gestionnaires comme le contenu des placements demeurent parfois calibrés pour un public masculin.

L'éducation financière offre un autre champ d'action. Les femmes délèguent davantage leurs investissements à leur compagnon et doutent plus de leurs compétences en la matière. D'où une forme d'auto-censure face à leur droit à obtenir un prêt ou à développer leur entreprise. Se former à la négociation salariale, la planification ou à l'obtention d'un crédit permet de combler cet éventuel déficit de confiance. Des parcours de sensibilisation et de formation pour un public spécifiquement féminin (Plan Cash, Femca, ou Mon budget bento) aident à se projeter dans des postures d’investisseuses, plus seulement de gestionnaires du quotidien.

Ainsi, les femmes qui auront un meilleur accès au crédit pourront constituer des réserves, investir, saisir les opportunités pour monter ou développer une entreprise… Bref, créer de la valeur et de la croissance. Nous avons tous – et toutes – à y gagner.


 

Emission MOD'ELLES - VivreFM

VivreFM - Barbara Rallu

Et si être une femme pourrait désavantager dans la demande de crédit bancaire ? Barbara Rallu, répond aux questions d'Ornella pour nous éclairer sur ce problème. Réécouter l'émission

A PROPOS DE L'EXPERT

Barbara Rallu

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Vice-Présidente Conseil Expert sur les activités conseil pour le secteur financier – CGI Business Consulting

Barbara Rallu est vice-présidente Conseil Expert en charge des activités conseil pour le secteur banque et assurance en France.