Selon une enquête de Business for Social Responsibility[1] menée en 2019 , 52 % des entreprises interrogées citent le changement climatique comme un axe de durabilité "très important".
Pourtant, le niveau d'intégration auto-déclaré des pratiques de durabilité n'a augmenté que de 1 % depuis 2016. Pour les entreprises, un des leviers pour être plus durables consiste à diminuer l'empreinte carbone de leur supply chain. Pour atteindre cet objectif, les entreprises doivent prendre en compte toutes les étapes de leur chaîne d'approvisionnement et employer des approches innovantes. Selon les données de l'EPA pour 2020, les secteurs du fret et du transport sont responsables de la majorité des émissions de GES (gaz à effet de serre) dans le monde.
Les trois piliers de la durabilité
La durabilité repose sur trois piliers principaux. De la réduction des émissions à l'engagement des parties prenantes en passant par la prise en compte des ressources naturelles dans l'analyse coûts-bénéfices, une chaîne d'approvisionnement véritablement verte doit prendre en compte tous ces facteurs :
- Environnemental : services écosystémiques, ingénierie et chimie vertes, qualité de l'air et de l'eau, facteurs de stress (polluants, émissions de gaz à effet de serre, …), intégrité des ressources, etc.
- Social : justice environnementale, santé humaine, implication et participation, éducation, sécurité des ressources, communautés durables, etc.
- Economique : emplois, mesures incitatives, comptabilité de dépréciation des ressources naturelles, coût, prix, etc.
Réduire l'empreinte carbone de sa supply chain
Il existe un certain nombre de moyens pour réduire l'empreinte carbone d’une chaîne d'approvisionnement, depuis la façon dont sont gérées l'expédition et la manutention jusqu'aux matériaux d'emballage utilisés. Voici quelques facteurs clé de succès à prendre en compte :
- L’optimisation de l’utilisation de l'espace (dans les camions, les conteneurs, etc.) ;
- Le report modal (vers le ferroviaire ou le fluvial) ; le fret ferroviaire est d’ailleurs mis en avant dans le cadre de la nouvelle Loi d’Orientation des Mobilités (LOM) puisque l’État s’est engagé à élaborer « une stratégie pour le développement du fret ferroviaire » ;
- Le mix des usages, comme le concept de "mobi-listic" où des véhicules sont utilisés à la fois pour le transport de personnes et de marchandises ;
- L’optimisation des tournées de transport ;
- La gestion des matériaux ;
- L’augmentation de la part du recyclage et de la réutilisation ;
- La réduction des déchets et des émissions de CO2 ;
- La réduction de la consommation d’énergie (systèmes basse consommation, énergies renouvelables, etc.) ;
- L’utilisation de la technologie au service de la durabilité ; un robot de levage autonome aurait par exemple un parcours optimisé et une vitesse constante qui permettraient de réduire sa consommation et ses émissions.
Les métropoles s’y mettent…
Prenons pour illustration la métropole alsacienne qui, en septembre 2018, a revu son plan de déplacement des marchandises, qui interdisait les camions de plus de 7,5 tonnes. Elle n'avait pas anticipé que, pour livrer chaque jour les gros points de vente il fallait remplacer un camion de19 tonnes par trois de 7,5 tonnes ou 20 véhicules utilitaires légers, ce qui aurait entrainé une augmentation vertigineuse des flux, de la pollution et de la congestion. La mairie a alors aménagé une dérogation, à condition de livrer les marchandises de façon consolidée, tôt le matin et donc en silence. Résultat, les émissions de GES ont chuté de 10 %, celles de NOₓ (oxydes d'azote) de 60 % et la congestion de 16 %.
Les industriels aussi
En ce qui concerne le recyclage et la réutilisation, Nissan a eu l’ingéniosité de donner une seconde vie aux batteries en fin de vie récupérées des Nissan Leaf. Elles sont installées sur des AGV (véhicules à guidage automatique) dans les usines pour faciliter le travail de production en apportant les pièces aux travailleurs. Cette initiative permet de prolonger la vie de ces batteries et diminuer ainsi leur impact écologique, mais aussi d’avoir un avantage économique pour le client final puisque la batterie de sa voiture est désormais valorisée et donc rachetée plus cher par le constructeur.
Des bénéfices multiples, à moyen et long terme
La promotion d'une chaîne d'approvisionnement verte est un processus qui nécessite un consensus organisationnel, un objectif et une vision centraux. Il y a certes un investissement à consentir, mais les économies à moyen et long terme sont réelles. Les efforts déployés en faveur du développement durable peuvent servir à créer du profit, parallèlement à un impact environnemental et social positif. Au-delà de ces aspects, une entreprise peut et doit utiliser la durabilité comme une plateforme sur laquelle la marque et le marketing de sa chaîne d'approvisionnement peuvent s'appuyer, considérant le nombre croissant de consommateurs soucieux de l’impact climatique, environnemental et social des produits qu’ils achètent. Les entreprises qui adoptent des pratiques durables dans leurs chaînes d'approvisionnement et au-delà seront les leaders, demain, d'une économie durable en pleine croissance.