Au cours des deux dernières années, les médias ont vu le nombre de leurs abonnés augmenter significativement et ont su diversifier leurs revenus grâce à la conquête d’abonnés numériques et de nouvelles cibles.
Dans un monde confronté à divers chocs asymétriques (Covid-19 ; Conflit en Ukraine) où la confiance du public dans les médias devient un enjeu stratégique clé, quelles sont les nouvelles opportunités pour les médias et comment capitaliser sur la technologie pour continuer à produire une information qualifiée, générer de la croissance et fidéliser leurs audiences ? »
La crise sanitaire a permis aux médias de renforcer le lien qui les unit à leurs audiences. Ainsi, les sites d’information ont par exemple vu leur audience exploser. Le Monde, par exemple, domine clairement la scène avec ses 414 000 abonnés numériques revendiqués. Le Figaro compte quant à lui 400.000 abonnés, dont 250.000 abonnés numériques (un chiffre en croissance de 60 % sur deux ans selon Les Echos). La télévision a aussi connu un regain d'intérêt pendant la crise (+5 % d'audience en moyenne), s'imposant comme la source d'information principale des Français avec les journaux en ligne. Les chaines d’info en continu ont également eu leur part du gâteau.
La technologie au service de l’info
Aujourd’hui, avec une actualité qui reste aussi dense que complexe et avec le risque identifié de désinformation sur les réseaux sociaux, le public est à nouveau à la recherche de sources fiables. Une nouvelle opportunité se présente alors pour les médias qui ont là un rôle très important à jouer. Ils doivent la saisir en misant sur l’innovation technologique pour produire une information plus qualitative, didactique et éclairée.
Le journalisme « augmenté »
Il est désormais clair que l’intelligence artificielle, le machine learning et la data permettent aux éditeurs et aux journalistes d’être plus efficaces dans la recherche, la compréhension, la planification et la publication de contenus pertinents. Grâce à ces technologies, le journaliste est en mesure de suivre l’ampleur toujours croissante des nouvelles mondiales et de générer un plus grand nombre de contenus toujours plus qualitatifs, factuels et vérifiés, en moins de temps et à moindre coût. La question aujourd’hui est de savoir comment ces technologies peuvent s’insérer dans la chaine de valeur d’un média et valoriser le travail des journalistes.
IA, data et automatisation :
Les situations de crise, à l’instar de la guerre en Ukraine, sont propices au développement des fake news, un contexte qui complique encore plus le travail des journalistes. L’intelligence artificielle (IA) permet de vérifier l’authenticité de l’information en analysant les métadonnées et en comparant les informations avec les banques de données, donnant ainsi aux journalistes la possibilité de détecter les intox et d’éviter leur propagation. Par ailleurs et grâce à l’IA, plusieurs tâches répétitives pourront aussi être automatisées permettant ainsi aux journalistes de se libérer du temps pour se concentrer sur des articles de fond. La datavisualisation quant à elle permet aux journalistes de produire une information plus pédagogique ou « augmentée » avec des rapports et visuels qui incluent les données clés du sujet permettant aux lecteurs de pouvoir y voir plus clair. Enfin, l’automatisation permet de faire parvenir ce contenu riche à la bonne cible au bon moment en optimisant le parcours client et en créant un engagement avec le public. L’objectif combiné de ces technologies est bien sûr de mieux expliquer l’information pour renforcer la confiance du public, générer une audience qualifiée et la fidéliser.
Stratégie et investissement
Si les médias ont compris qu’il en va de leur intérêt de maîtriser les innovations, cela apparaît compliqué sans investissement accompagné d’une bonne stratégie de déploiement et de compétences nécessaires. Or ces dernières manquent souvent aux professionnels des médias : 60% des journalistes sondés dans le cadre de l’analyse du « Journalism AI Report » signalent qu’ils se sentent concernés par l’impact que peut avoir l’IA sur leur métier. Toutefois, peu de rédactions disposent de bases de données qualitatives et quantitatives pour permettre une exploitation par l’IA. Dès lors, pour exploiter le potentiel de toutes ces technologies, les médias devront avoir recours à des experts qui les maitrisent pleinement afin de les accompagner dans leur démarche.