Tolgay Öztürk

Tolgay Öztürk

Responsable en charge des activités conseil pour le secteur retail - CGI Business Consulting

Depuis quelques années, la consommation de vêtements ne cesse de progresser. Selon l’ADEME, une personne achète 60 % de vêtements de plus qu'il y a 20 ans et les conserve moitié moins longtemps. Pour aider les consommateurs à revoir leurs habitudes d'achat et et privilégier certains textiles, le gouvernement mise sur l'information et la sensibilisation à travers l'affichage environnemental. 

Prévu par la loi Climat et Résilience de 2021, l’affichage environnemental est un outil visant à informer les consommateurs sur les impacts environnementaux des produits ou services qu’ils consomment. Cette mesure fournit des données chiffrées sur les principaux impacts calculés sur l’ensemble du cycle de vie d’un produit ou d’un service, dans le but d’accroître la transparence de l’information et de les orienter vers des choix plus durables et de qualité.
Pour évaluer l'impact environnemental des produits, l'Analyse du Cycle de Vie (ACV) a été retenue comme méthode de calcul.      

D'ici fin 2024 et sur la base du volontariat, cet affichage s’étendra aux textiles et deviendra obligatoire en 2025. L'Eco-score évaluera l'empreinte écologique des vêtements, offrant une note, comprise entre 0 et l’infini, pondérée par un coefficient de durabilité. L’exemple donné par le minitère de la Transition écologique et de la Cohésion des territoires est celui d’un t-shirt en coton bio fabriqué en France, porté en moyenne 64 jours, qui sera noté 383. AAlors qu’un t-shirt synthétique, issu de la « fast-fashion », fabriqué en Asie, transporté par avion et porté 23 jours, sera noté 1 252. Plus la valeur est élevée, plus le coût environnemental est important.

Cet Eco-score doit également servir de base pour le calcul du « bonus-malus » des marques dans le cadre de la proposition de loi visant à freiner la « fast-fashion », qui a été adoptée à l’unanimité à l’Assemblée nationale en mars dernier. Avec ce système, l’idée est de créer une pénalité de 5 euros par vêtement dès 2025 (puis un euro supplémentaire par an pour atteindre 10 euros en 2030, avec un plafonnement à 50% du prix du produit) aux entreprises qui proposent à la vente plus de 1 000 nouveaux articles par jour. C’est le principe du « pollueur – payeur ».

La mise en place de l'affichage environnemental présente plusieurs objectifs et opportunités.
D'une part, il il vise à sensibiliser les consommateurs aux enjeux environnementaux, en leur fournissant des informations claires et transparentes sur l'empreinte écologique des produits. Cette sensibilisation est essentielle pour encourager les changements de comportement et promouvoir une consommation plus responsable. Quid du Nutri-score ? D'après une étude réalisée en 2021 et relayée par le Gouvernement, 43% des Français ont indiqué que le Nutri-score pouvait faire changer certaines de leurs habitudes alimentaires de façon durable. Selon les données publiées en 2021 par NielsenlQ et ConsoTrust, les produits les mieux notés sont généralement ceux qui performent le mieux. 

D'autre part, l'affichage environnemental exerce une pression sur les entreprises pour qu'elles améliorent leur durabilité. En rendant visible l'impact environnemental des produits, les entreprises sont incitées à adopter des matériaux plus durables, à optimiser leur chaîne d’approvisionnement et à réduire leur consommation d’énergie et d’eau afin de réduire leur impact environnemental et, par la même occasion, d'améliorer leur Eco-score. 

Sur le plan des opportunités, l'affichage environnemental permet aux entreprises de se différencier sur le marché en mettant en avant leur engagement. 

Celles qui investissent dans la durabilité et qui affichent des scores environnementaux faibles pourront répondre à la demande croissante des consommateurs soucieux de l'impact écologique de leurs achats. De plus, la transparence sur l'impact environnemental des produits renforce la confiance des consommateurs et établit des relations plus solides entre les entreprises et leur clientèle.
Enfin, bien que les investissements initiaux puissent être coûteux, la mise en place de pratiques commerciales plus durables permet aux entreprises à long terme d'économiser en réduisant leur consommation de ressources et en évitant les amendes pouvant aller jusqu'à 30 000 euros. 

En attendant que l’affichage environnemental soit généralisé à l’ensemble du marché, certaines entreprises ont pris des initiatives volontaires pour afficher l'empreinte environnementale de leurs produits. Patagonia, une entreprise de vêtements de plein air positionnée sur la durabilité, fournit des informations détaillées sur l'empreinte environnementale de ses produits sur son site web. Ils incluent des informations sur les matériaux utilisés, les processus de fabrication et les initiatives de durabilité.
H&M a introduit des étiquettes « Conscious » sur certains de ses produits
, indiquant qu'ils ont été fabriqués à partir de matériaux durables ou recyclés.        

Bien que ces initiatives ne constituent pas encore un affichage environnemental standardisé sur tous les produits, elles démontrent une tendance croissante vers une plus grande transparence et responsabilité environnementale des entreprises dans les secteurs du Textile et du Retail.

A PROPOS DE L'EXPERT

Tolgay Öztürk

Tolgay Öztürk

Responsable en charge des activités conseil pour le secteur retail - CGI Business Consulting

Tolgay Öztürk est responsable en charge des activités conseil pour le secteur retail. Notamment spécialisé sur les problématiques liés à la mise en conformité de la loi AGEC et la transformation des processus métiers, Tolgay accompagne ses clients de la grande distribution et de la ...