S'engager pour l'inclusion, prendre des mesures concrètes en faveur de l'intégration des personnes en situation de handicap. Cette volonté de la MAIF prolonge les engagements historiques de l’assureur mutualiste. Présentation et explications avec Thierry Notaire, animateur de la mission Singularité et Ethique Numériques de la Direction Systèmes d’Information, et Sylvie Audelan-Talon, Chargée de projets et d'actions RH.
Vous avez souhaité vous engager pour l'inclusion des personnes en situation de handicap. Cela s'inscrit-il dans l'engagement sociétal plus global de la MAIF, "Assureur militant" ?
Thierry Notaire : Clairement. Depuis sa création en 1934, la MAIF porte ces valeurs de solidarité, de partage, de responsabilité. Nous sommes un assureur mutualiste centré sur l’humain, et cela se reflète dans notre organisation, nos missions, nos actions. De plus, nous sommes devenus en 2020, dans le cadre de la loi Pacte, une entreprise à mission. D'où un fort engagement à la fois social et environnemental, matérialisé par cinq objectifs, gravés dans nos statuts. Par exemple, contribuer à la construction d’une société plus solidaire ; favoriser l’épanouissement des acteurs internes par une attention sincère ; promouvoir le développement de modèles d’entreprises engagées dans la recherche d’impacts positifs, etc.
Dans le cadre de vos objectifs et de votre statut "d'entreprise à mission", vous avez confié à CGI une mission de diagnostic et de conseils sur le handicap. Dans quel but ?
Sylvie Audelan-Talon : L'objectif est d'identifier des actions et projets concrets pour continuer à progresser sur le sujet. Cela s'inscrit donc dans la continuité de notre engagement en faveur de l'intégration des personnes en situation de handicap et d’égalité des chances. Cet engagement ne date pas d'hier : cela fait près de 20 ans que la MAIF a créé une mission handicap interne et nous sommes actuellement dans la préparation de notre 5ème accord handicap. Nous essayons d'agir sur tous les leviers possibles en complément des dispositifs sur l’insertion et le maintien dans l’emploi dans l’entreprise : soutien aux associations spécialisées, actions et ressources pour la scolarisation des élèves en situation de handicap, effort pour toujours mieux accueillir nos sociétaires, en matière d'accessibilité au sens large mais aussi de gamme de services… La mission de diagnostic et de conseil confiée à CGI pour amplifier le recours au secteur adapté rend encore plus complet notre engagement, en étudiant toutes les opportunités, toutes les possibilités.
Thierry Notaire : Nous avons aussi mené ce diagnostic car nous avions la conviction que l'on pouvait aller plus loin, qu'il nous restait un pas à franchir à la DSI, secteur où la sous-traitance est importante. Il nous a également permis de remettre à plat, de préciser toutes les actions entreprises de longue date, puis de les partager et les expliquer à tous les collaborateurs mobilisés autour de ce diagnostic. Tout le monde est désormais à niveau, sur nos convictions, nos actions, notre ambition. Cela crée aussi un vecteur de mobilisation, des managers comme des collaborateurs.
Sylvie Audelan-Talon : Nos managers sont déjà formés à cette thématique de l'inclusion des personnes en situation de handicap, mais il est important qu'ils s'en emparent, très concrètement. C'est-à-dire prendre en compte ce paramètre pour chaque contrat signé, chaque décision de recrutement, en faisant preuve d'ouverture d'esprit lors des entretiens.
Au-delà de votre statut d'entreprise à mission, pourquoi une telle politique inclusive est-elle selon vous pertinente et bénéfique ?
Sylvie Audelan-Talon : Nous croyons fermement au sein de notre DRH, Direction des Richesses humaines – nom porteur de sens et de conviction – qu'il est essentiel voire vital d'intégrer une diversité de profils, quelle que soit l'organisation. Et pas seulement pour des raisons morales ou éthiques ! De nombreuses études démontrent l'impact positif de la diversité – toutes les diversités - sur la performance, la créativité et l’innovation organisationnelle. Pourquoi ? Tout simplement, parce que la différence nous amène à faire un pas de côté, en s’ouvrant à d’autres points de vue pour nous mettre en mouvement et trouver ensemble des solutions. Donc à s’enrichir sur le plan individuel et collectif. Cela participe ainsi de la culture interne et de notre principe d’altérité, très fort au sein de la MAIF. Une politique inclusive favorise aussi la fierté d'appartenance et l'engagement des collaborateurs. Quand nos collègues et managers comprennent les enjeux et les ambitions de notre politique handicap, ils sont généralement heureux et fiers de cet engagement. Quelque 500 personnes en situation de handicap travaillent au sein de la MAIF, soit un taux d’emploi de 6,41 %.
Thierry Notaire : Quand on rejoint la MAIF, on le fait très souvent avec des convictions, des valeurs, des préoccupations humanistes. Il y a donc beaucoup de satisfaction, au niveau individuel mais aussi de manière collective, sur le fait d'inventer de nouvelles dynamiques, de prendre en compte l'Autre, de chercher et trouver ensemble des solutions pour que chacun puisse s'épanouir parmi nous. Réfléchir ensemble, faire attention aux besoins de son collègue de bureau, l'aider et trouver des solutions adaptées est toujours très gratifiant, pour la personne concernée mais aussi pour l'ensemble de son équipe.
Sylvie Audelan-Talon : On se nourrit de nos échanges, de nos pratiques, de nos idées. Le fait de compter une réelle diversité de profils parmi les salariés nous enrichit sur le plan interne, et nous aide aussi à améliorer nos offres. Quand vous connaissez concrètement les difficultés de telle personne du fait de son handicap, cela vous donne matière à réflexion pour imaginer de nouvelles offres, et couvertures assurantielles, et toujours mieux accompagner le quotidien de nos sociétaires.
Un tel engagement se heurte souvent à des freins internes. Comment déjouer les réticences ?
Sylvie Audelan-Talon : On se fait parfois toute une montagne de ces supposées réticences… Elles disparaissent pourtant quand on prend le temps, sur le terrain, d'expliquer notre conviction, nos actions et la prise en compte du handicap au travail. Les acteurs des Richesses humaines sont très impliqués sur le sujet ; c'est un préalable indispensable. Nous menons des actions de formation auprès des managers dès leur prise de fonction et les mises en situation facilitent l’appropriation du sujet dans leur quotidien managérial Par ces formations et les actions de sensibilisation menées auprès des équipes, nous pouvons également identifier les freins éventuels, les analyser et imaginer les solutions les plus adaptées.
Thierry Notaire : A titre personnel, cela fait longtemps que j'ai suivi la formation handicap. Elle m'a permis d'être à l'aise sur le sujet. Car il ne s'agit pas non plus de faire de la discrimination positive : les personnes en situation de handicap sont des collaborateurs comme les autres ! Nous leur donnons simplement tous les moyens en termes d’accompagnement – matériels, organisationnels et pédagogiques – pour qu'ils puissent travailler dans les meilleures conditions. Cela donne ensuite de belles réussites…
Quels projets et leviers avez-vous identifiés pour, selon vos souhaits, "aller encore plus loin sur le sujet" ?
Thierry Notaire : La MAIF est engagée dans une période de transformation de son système d’information, qui nous conduit à travailler avec différents prestataires. Pour des raisons de profondeur des offres et de qualité de services, nous avons jusqu'à présent privilégié des grands opérateurs. CGI, par exemple, est une entreprise engagée sur ce sujet de l'inclusion, mais ce n'est pas le cas de toutes les ESN (entreprises de services du numérique). Nous allons donc être plus vigilants dans le choix de nos partenaires…
C'est-à-dire ?
Thierry Notaire : Nous allons commencer par faire de la pédagogie auprès de nos partenaires. Nous pourrons aussi leur demander des éléments sur leur politique handicap, par exemple le taux d’emploi. Il nous paraît important que chacun, au lieu de se contenter de payer une compensation financière, embauche et intègre un certain nombre de personnes en situation de handicap. Aujourd'hui, certains acteurs et sous-traitants s'abritent derrière des idées reçues (perte de qualité, faible productivité, impact négatif sur les tarifs…). A nous de les aider à changer d'avis.
Nous souhaitons aussi avoir davantage recours aux ESN du secteur adapté [Entreprise Adaptée (EA) et Etablissement et service d’aide par le travail (ESAT)]. Soit de manière directe, en tant que donneur d'ordres. Soit via notre Direction des achats, qui est pleinement investie sur le sujet, pour passer un certain nombre de marchés avec des exigences de cotraitance avec le secteur adapté. L'objectif, c'est que la préoccupation handicap soit désormais intégrée à tous les niveaux, dans tous nos projets et dans toutes nos activités récurrentes.
Sylvie Audelan-Talon : Le diagnostic de CGI nous a également orientés sur la possibilité de créer notre Académie de l'alternance. Elle porterait potentiellement sur des métiers de développeurs voire d'administrateurs, en collaboration avec des acteurs du secteur adapté. Encore une fois, cet engagement s'inscrit profondément dans l'ADN de la MAIF. Nos sociétaires comme nos collaborateurs ont des attentes très fortes sur le sujet ; nous sommes très fiers de les porter.