La transformation du secteur de l’énergie est en marche, tant sur les chaînes amont qu’aval.
Retour sur cette double mutation avec Cyril Cortina, Vice-Président Energie & Utilities et Télécommunications & médias - CGI Business Consulting - issu du Baromètre CGI 2016
Nécessité de renouvellement des infrastructures, production d’énergies alternatives et décentralisées, nouveaux comportements des consommateurs, arrivée sur le marché de nouveaux entrants… Dans ce contexte, une évidence se pose au secteur : pour rester compétitive, l’ensemble de la chaîne de l’énergie doit évoluer.
L’amont de la chaîne : entre reconstruction et décentralisation
En amont, la production est confrontée à de nouveaux challenges. Selon Cyril Cortina : « Pour ce secteur avant tout industriel, l’enjeu se situe aujourd’hui dans la mise à niveau d’installations arrivées en fin de vie et la construction de nouvelles infrastructures, en ligne avec les impératifs politiques, économiques et sociétaux ».
Selon la Commission européenne européenne, près de 1 000 milliards d’euros doivent être investis d’ici 2020 dans le secteur. Le but étant de prendre en charge la construction ou la reconstruction des filières incluant les réseaux smart grids ou les énergies renouvelables. Second grand défi : la décentralisation. On assiste même à un double phénomène : « D’une part, la production est de plus en plus décentralisée, notamment avec l’arrivée massive des énergies renouvelables. D’autre part, les habitudes de consommation évoluent avec le poids de plus en plus important que prend le client dans la gestion de son énergie » explique Cyril Cortina. Ainsi, c’est l’intégralité de la stratégie historique de centralisation de la production et de la gestion des énergies qui doit être repensée pour tenir compte de la multiplicité des échanges sur les réseaux.
L’aval de la chaîne : l’arrivée des startup rebat les cartes
L’Observatoire des start-up des clean-techs recensait en 2015 plus de 700 jeunes pousses françaises dans le secteur, en particulier autour des services énergétiques.
Comment ces start-up font-elles bouger les lignes du marché de l’énergie en aval de la chaîne ? « Un acteur historique peut très bien assister à l’arrivée d’un acteur tiers qui viendrait se positionner entre le consommateur et le fournisseur. Il s’agit donc d’un risque de segmentation de la chaîne de valeur avec un nouvel acteur qui viendrait exploiter les données de consommation pour offrir de nouveaux services pour l’habitat ou la mobilité. Tout cela est bon pour l’innovation du secteur et – on peut l’espérer – au final, pour les consommateurs », détaille Cyril Cortina.
Les acteurs traditionnels réagissent face à ce phénomène. Que cela soit par le rachat, le partenariat, l’entrée au capital ou l’incubation, les grands groupes énergétiques ambitionnent de jouer un rôle prépondérant dans l’avenir de ces clean-techs.
EDF a ainsi lancé en 2014 son concours EDF Pulse qui récompense chaque année trois innovations technologiques dans le domaine de l’énergie. Le prix de 100 000 euros et les retombées de l’événement apportent aux lauréats de quoi asseoir leur crédibilité auprès des investisseurs.
Cette nouvelle approche de l’innovation est par ailleurs alimentée par de nombreux think tanks, comme le réseau Agrion, qui viennent nourrir les réflexions autour de l’économie de partage, des nouveaux business models ou des innovations technologiques. « Les grands groupes commencent à intégrer ces éléments dans leur mode de fonctionnement interne et le développement de leurs services. Mais ils n’en sont qu’au début » estime Cyril Cortina.