Laura Raimondi

Laura Raimondi

Responsable en charge des activités conseil autour des Mobilités pour les Industriels de l’Automobile, du Transport et des Mobilités chez CGI Business Consulting

Adoptée le 24 décembre 2019, la Loi d’Orientation des Mobilités (LOM) a pour objectif de transformer en profondeur la politique de mobilités en investissant davantage dans les transports du quotidien, en facilitant le déploiement de nouvelles solutions permettant à tous de se déplacer et en engageant la transition vers une mobilité plus durable. La LOM impose par exemple l’interdiction des ventes de voitures à énergies fossiles carbonées (essence ou diesel) d’ici 2040. Dans ce contexte, quels sont les impacts de la LOM sur l’industrie automobile et comment les constructeurs peuvent-ils réussir à se positionner comme acteurs de référence de la mobilité ? Nos consultants partagent trois chantiers prioritaires pour le secteur.

1. Faciliter le partage de véhicules 

La LOM a introduit un nouveau dispositif, le « forfait mobilité durable », qui permet une prise en charge facultative à hauteur de 500 euros par l’employeur des frais de déplacements domicile-travail effectués en « mobilité douce » ou « alternatifs » (covoiturage, free-floating…).

L’automobile fait partie des transports couverts par ce forfait. Les constructeurs ont ainsi une opportunité de faire connaître leurs services de mobilité et de démontrer qu’ils agissent pour une mobilité responsable.

L’instauration de ce dispositif fait déjà bouger les constructeurs automobiles. Free2Move, la marque de mobilité de Stellantis, a lancé son offre Mobility Card : un programme conçu autour d’un compte de mobilité personnel crédité par l’entreprise, d’une carte de paiement et d’une application permettant aux salariés d’organiser et de régler leurs déplacements. Le positionnement de Stellantis est de pouvoir apporter des solutions – personnalisées pour les entreprises et simplifiées pour les utilisateurs.

De son côté, le groupe Renault à travers sa marque Mobilize, s’est allié avec 3 autres acteurs de la mobilité : BlaBlaCar, la RATP et Uber pour lancer une expérience invitant 1.000 Franciliens à se passer de voiture individuelle pendant dix mois sauf s'ils la partagent, pour la remplacer par un bouquet de services : autopartage, VTC partagé, covoiturage, transport public, transport à la demande, etc.

2. Accélérer la transition énergétique

La LOM rend obligatoire l’instauration d’une zone à faibles émissions mobilité (ZFE-m) dans les territoires concernés par le non-respect régulier des normes de la qualité de l’air. Quatre collectivités ont ainsi déjà mis en place des ZFE-m : la métropole de Lyon, Grenoble-Alpes-Métropole, la ville de Paris et la métropole du Grand Paris. Sept nouvelles ZFE-m doivent être mises en place par les métropoles françaises.

Forte de ces nouvelles réglementations, l’industrie automobile est engagée dans une transition à grande vitesse vers le véhicule électrique.

Stellantis a annoncé lors de sa dernière assemblée générale qu’il vendrait 70 % de véhicules électriques et hybrides en Europe d’ici 2030. Renault, de son côté, prévoit que 90 % de sa gamme soit électrique en 2030. Le rétrofit (rénovation) est une autre manière d’envisager l’électrique, Renault a par exemple décidé de convertir son site de production de Flins en usine de reconditionnement et de recyclage de véhicules mais aussi de batteries.

Pour aider le passage vers l’électrique, le rôle de conseil du concessionnaire pour accompagner les particuliers mais aussi les petites entreprises est primordial. Nous pouvons imaginer qu’ils puissent étendre ce rôle auprès des collectivités locales.

Les constructeurs préparent également l’avenir au-delà de l’électrique en travaillant sur des solutions utilisant du biogaz et de l’hydrogène, et en nouant des partenariats pour mutualiser les investissements.

3. Accompagner le développement de nouveaux plans ou solutions de mobilité

L’objectif de la LOM est d’encourager la prise de compétence par les communautés de communes notamment pour leur offrir une capacité d’action directe à leur échelle. Même dans les espaces très peu denses, les besoins de déplacements existent et des solutions peuvent y répondre : covoiturage adapté, transport à la demande y compris par taxi, vélo, ….

Les constructeurs automobiles ont un rôle de proximité à jouer de par leur maillage territorial via leurs concessions. Ils peuvent être acteurs dans l’élaboration des plans de mobilité locales en repensant leurs services et en proposant par exemple des offres de free-floating pour ces zones peu denses.

Ce modèle se déploie à titre expérimental par Renault dans le village d'Appy dans l'Ariège où 25 Zoé électriques sont mises à la disposition des habitants.

Les constructeurs automobiles ont un rôle essentiel à jouer dans la mobilité ; ils ne doivent plus subir les nouvelles réglementations mais doivent continuer à être moteurs en jouant sur la proximité avec leur réseau de distributeurs et en nouant des partenariats avec d’autres acteurs de la mobilité, publics ou privés.

Nous observerons d’ici la fin 2021 les premiers mouvements significatifs. A suivre

A PROPOS DE L'EXPERT

Laura Raimondi

Laura Raimondi

Responsable en charge des activités conseil autour des Mobilités pour les Industriels de l’Automobile, du Transport et des Mobilités chez CGI Business Consulting

Laura Raimondi est responsable en charge des activités conseil autour des Mobilités pour les Industriels de l’Automobile, du Transport et des Mobilités chez CGI Business Consulting. Laura a travaillé de nombreuses années pour des constructeurs automobiles et équipementiers en France et à l’international avant de ...